JILIN [KI-LIN]ou KIRIN, province
Province située dans la partie centrale de la Mandchourie et qui s'étend sur 290 000 kilomètres carrés, Jilin (Kirin) est la moins peuplée des trois provinces de Mandchourie. Elle comptait 27,2 millions d' habitants en 2006, dont 9 p. 100 étaient des minorités nationales réparties en quatre familles. Les Coréens sont localisés, pour la très grande majorité d'entre eux, dans le département autonome de Yanbian. Les Mandchous habitent dans les plaines centrales. Les Mongols se situent, pour la plupart, dans la région de Baicheng au nord-ouest. Les Hui sont les moins nombreux et regroupés pour la majorité d'entre eux dans les villes de Jilin et de Changchun.
Le territoire de cette province se partage à peu près également entre trois grands ensembles de relief très contrasté. À l'ouest, une partie du plateau Mongol est bordée par le massif du Grand Khingan. La partie centrale correspond au seuil (200 à 300 m) qui sépare les bassins du Liaohe et du Soungari ; c'est un ensemble de basses collines qui cèdent la place, au nord, aux plaines du Soungari, dont le Jilin ne possède qu'une étroite frange. À l'est se dressent de puissants alignements montagneux (1 000 à 2 000 m d'altitude) d'orientation nord-est - sud-ouest : les Zhangguangcai, le Wandashan, le Changbaishan, où s'élève le cône volcanique du Baitoushan qui constitue le point culminant, à 2 750 mètres, de la Chine du Nord-Est. Toutes ces montagnes sont couvertes d'une magnifique végétation forestière : chênes et trembles sur les pentes inférieures ; de 500 à 1 000 mètres, cèdres coréens, chênes mongols, frênes, mélèzes dahouriens, sapins argentés, épicéas de l'Amour à l'étage supérieur.
Les conditions climatiques du Jilin marquent une transition entre les rigueurs du Heilongjiang et les caractères tempérés du Liaoning : l'été y est très chaud (moyenne de juillet : + 23 0C), les hivers déjà rigoureux (moyenne de janvier : — 17 0C), mais moins prolongés qu'au Heilongjiang, et l'agriculture y bénéficie encore de 120 à 145 jours sans gel au cours de l'année. Les massifs orientaux sont la région la plus arrosée de la Chine du Nord-Est (800 à 1 000 mm) tandis que les précipitations diminuent rapidement vers l'ouest : les plaines du Soungari ne reçoivent plus que 600 millimètres et les franges occidentales 400 millimètres. Le soja, le maïs, le millet et le kaoliang constituent les cultures traditionnelles du Jilin : le soja occupe près de 30 p. 100 des terres cultivées, et c'est la grande culture des plaines au nord de Changchun, tandis que le maïs est très largement répandu dans toute la partie méridionale de la province, où il prend peu à peu la place du kaoliang qui se concentre sur les collines orientales. Les marges occidentales, moins arrosées, sont le domaine du millet, mais surtout de l'élevage pratiqué par les Mongols (chevaux, bovins, ovins). L'extension de la riziculture et celle de la betterave à sucre sont les deux traits remarquables de l'évolution agricole du Jilin. Introduite en 1845 à Tonghua par les Coréens (dans les vallées des massifs orientaux, elle constitue la base de leur économie agricole), la riziculture a gagné les plaines autour de la ville de Jilin et les régions de Tongfen et de Songliao. De même, la betterave à sucre s'est largement développée dans la région qui s'étend de Changchun à Jilin ainsi qu'à Baicheng sur les confins occidentaux.
L'exploitation des forêts de l'Est constitue peut-être l'activité la plus remarquable du Jilin : la région de Yanbian, qui s'étend sur 3 500 000 hectares, produit du bois d'œuvre, et surtout du bois de pulpe ; celle de Tonghua produit du bois d'œuvre. Ce sont les deux grandes régions d'exploitation ; la production est en grande partie évacuée[...]
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Écrit par
- Pierre TROLLIET : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
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