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JING HAO[KING HAO]& GUAN TONG[KOUAN T'ONG](fin IXe-déb. Xe s.)

Notes sur la peinture

Un autre aperçu sur la nature profonde de l'art de Jing Hao et de son disciple est encore fourni par un traité théorique composé par le premier, les Notes sur la peinture (Bi fa ji). Ce court ouvrage, dont on possède diverses versions assez corrompues, a soulevé de vives discussions ; certains critiques ont mis en doute son authenticité et veulent voir en lui un faux qui devrait être postdaté jusqu'à l'époque Ming ! En fait, de nombreuses preuves tant internes qu'externes semblent justifier son attribution à l'époque des Cinq Dynasties.

Ce traité est remarquable à plusieurs égards : la profondeur philosophique de ses vues fut rarement égalée dans cette littérature esthétique chinoise pourtant si abondante et riche ; en outre, l'ouvrage est composé d'une manière synthétique et systématique, passant tour à tour en revue une série de problèmes philosophiques (nature et signification de l'activité picturale), critiques (catégories qualitatives et théorie des fautes), techniques (préceptes d'observation sur le motif) et historiques (esquisse d'une histoire de la peinture, à travers les artistes les plus représentatifs, qui font chacun l'objet d'un jugement critique).

Plusieurs passages du traité sont particulièrement révélateurs de l'orientation nouvelle prise par la peinture des Cinq Dynasties, et reflètent la prépondérance donnée maintenant au paysage sur la peinture de figures, la prépondérance de l'encre sur la couleur, la prépondérance de l'expression de la « vitalité intérieure » sur les anciennes exigences de ressemblance formelle. Les jugements que Jing Hao formule sur ses devanciers ne sont pas moins significatifs : la figure prestigieuse de Wu Daozi envisagée maintenant du point de vue de l'art nouveau – le paysage animé par les seules tonalités du lavis – ne sort plus indemne de cette réévaluation et paraît déficiente dans le domaine des techniques de l'encre.

Le seul maître ancien pour qui l'auteur montre une admiration sans réserve est Zhang Zao, le solitaire inspiré qui revendiquait pour seuls maîtres « au-dehors de moi la nature, en moi la source de mon cœur ».

— Pierre RYCKMANS

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Écrit par

  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

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