JIROFT, Iran

Naissance et déclin de Jiroft

La naissance de cette civilisation urbaine tient à plusieurs facteurs. Elle se trouve dans un vaste bassin fertile, où les palmiers-dattiers abondent, cerné par des zones désertiques ou montagneuses beaucoup moins favorables. Elle se situe aussi au croisement de plusieurs routes d'échange, celle du lapis-lazuli par exemple, qui transite depuis l'Afghanistan jusqu'en Égypte. Ces différents centres urbains se spécialisent, et il semble que la région de Jiroft ait été de fait un lieu de production massive de vases en chlorite, parfois incrustés de pierres. Ceux-ci témoignent de styles variés, qui pourraient permettre d'identifier, outre des évolutions dans le temps, la marque d'ateliers différents. L'intérêt de ces pièces n'est pas qu'esthétique. Leurs représentations témoignent d'un système iconographique original, renvoyant à tout un système idéologico-religieux propre à la région. On y observe des animaux dangereux – scorpions, serpents, lions, aigles –, ainsi que des humains, parfois sous la forme hybride d'hommes-scorpions ou d'hommes-lions. Certains n'y reconnaissent pas de panthéon divin hiérarchisé sur le modèle mésopotamien ou égyptien ; mais c'est aussi le cas, à la même époque, de la civilisation de l'Indus.

Pourtant, vers 1700 avant notre ère, la civilisation urbaine de Jiroft semble disparaître. La raison n'en est pas encore claire, d'autant que la région reste très mal connue. Mais on peut mentionner la toute proche civilisation de l'Indus, qui s'effondre au même moment. On n'évoque plus désormais à ce propos des cataclysmes ou des invasions « aryennes », mais simplement le lent affaissement d'un système politico-économique surdimensionné, au profit du retour à une économie villageoise traditionnelle, finalement mieux adaptée. Ainsi Jiroft, dans l'attente de l'extension des fouilles, apporte déjà des éléments fondamentaux quant à l'apparition, mais aussi la disparition, des premières civilisations urbaines.