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BENOIT JOAN (1957- )

Joan Benoit - crédits : Focus on Sport/ Getty Images

Joan Benoit

Gagnante du marathon des Jeux de Los Angeles en 1984, l'Américaine Joan Benoit est entrée dans l'histoire de l'athlétisme. En effet, le programme proposait pour la première fois la célèbre épreuve de 42,195 kilomètres aux femmes, tournant définitivement le dos à la misogynie originelle du mouvement olympique.

Joan Benoit est née le 16 mai 1957 à Cape Elizabeth (Maine). Dans une époque où le jogging devient une activité en vogue, cette frêle jeune femme (1,57 m, 46 kg) se prend de passion pour les courses à pied de longue distance. Entraîneur de l'équipe d'athlétisme de l'université de Boston, elle renoncera à ce poste pour se consacrer totalement à sa préparation : elle court en effet 200 kilomètres par semaine, toujours seule pour s'acclimater à la souffrance extrême qui peut terrasser chacun lors d'un marathon. En 1979, elle remporte le célèbre marathon de Boston. Elle gagne de nouveau cette épreuve en 1983, mais cette victoire marque alors nettement plus les esprits : elle couvre la distance en 2 h 22 min 43 s, battant de 2 min 45 s le record du monde de la Norvégienne Grete Waitz, qui domine la discipline depuis cinq ans ; surtout, cette performance lui aurait permis de devancer le magnifique Emil Zatopek des Jeux d'Helsinki en 1952 ! Mais le temps de la misogynie sportive ne semble pas totalement révolu : certains chroniqueurs mettent en doute la distance réelle de ce marathon, on n'oublie pas de souligner que le vent soufflait dans le dos des concurrentes...

Malgré cette performance exceptionnelle, Joan Benoit ne fait pas vraiment figure de favorite du marathon olympique de Los Angeles. En effet, en 1983, elle n'a pas souhaité participer à l'épreuve aux premiers Championnats du monde d'athlétisme d'Helsinki, laquelle a vu la victoire de Grete Waitz. Cette dernière, très expérimentée (trente et un ans), cinq fois championne du monde de cross-country et déjà cinq fois gagnante du marathon de New York, a les faveurs des pronostiqueurs ; certains songent aussi à la courageuse Portugaise Rosa Mota. En outre, Joan Benoit aurait pu ne pas participer aux Jeux : en avril, elle se fit opérer d'un ménisque alors que le marathon des sélections américaines pour les Jeux se déroulait moins de trois semaines plus tard, le 12 mai. Promptement rétablie, elle remporta la course et obtint sa sélection.

Le 5 août 1984, sous une chaleur accablante, Joan Benoit ne s'embarrasse pas de considérations stratégiques. Alors que Grete Waitz mène le peloton à une allure modeste, elle se porte en tête après 4 kilomètres seulement, sans donner l'impression de vraiment forcer le train. Aucune de ses concurrentes ne tente de la suivre : au dixième kilomètre, elle compte 30 secondes d'avance sur le peloton ; à la mi-course, son avantage par rapport à Grete Waitz et à une autre Norvégienne, Ingrid Kristiansen, dépasse la minute, Rosa Mota est plus loin encore. À 10 kilomètres du but, Grete Waitz est rejetée à 2 minutes. Joan Benoit ne s'affole pas quand on lui annonce que sa concurrente norvégienne se rapproche : elle adopte une allure suffisante pour éviter le retour de sa rivale. Sa casquette de base-ball toujours vissée sur la tête, elle pénètre enfin dans le Memorial Coliseum sous les acclamations des quatre-vingt-douze mille spectateurs : en couvrant la distance dans l'excellent temps de 2 h 24 min 52 s malgré la chaleur, elle prouve que son record établi l'année précédente à Boston mérite le respect ; surtout, à vingt-sept ans, elle devient la première championne olympique du marathon. Grete Waitz, deuxième, est reléguée à 1 min 26 s, Rosa Mota, troisième, à 2 min 5 s. La performance de Joan Benoit, qui a couvert les 42,195 kilomètres sans laisser apparaître la souffrance sur son visage, affichant même un sourire radieux à 2 kilomètres du Memorial Coliseum, prouve[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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