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SFAR JOANN (1971- )

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Après s’être imposé, durant la première décennie du xxie siècle, comme un acteur central de la bande dessinée francophone, Joann Sfar est également devenu responsable éditorial, cinéaste, romancier et, dans ses romans graphiques, chroniqueur de sa vie et de l’actualité. Son œuvre comporte de nombreuses facettes et multiplie les références à divers mythes, religions et cultures. À ce titre, il est bien un descendant de Hugo Pratt, à propos duquel il confiait dans l'un de ses Carnets (Parapluie, 2003) : « J'ai toujours pensé que les artistes formaient une longue chaîne temporelle qui défie le temps. Ainsi, depuis l'âge de quinze ans, je suis persuadé que mon destin est de continuer le chemin tracé par Pratt. »

Né à Nice le 28 août 1971 dans une famille de tradition juive, orphelin de mère à trois ans et demi, Joann Sfar poursuit successivement des études de philosophie (il est titulaire d'une maîtrise) et d'arts plastiques (il suit des cours à l'École nationale supérieure des beaux-arts, à Paris). Ce double cursus est annonciateur de son œuvre, qui mêlera intimement images et réflexion sur le monde. En 1994, il fait paraître ses premières bandes dessinées, qui inaugurent une carrière prolifique : à trente ans, en 2001, Joann Sfar avait déjà publié une cinquantaine d'albums (plus qu'Hergé en un demi-siècle).

Un œuvre protéiforme

Dans une activité où la plupart des auteurs dits « complets » (c'est-à-dire à la fois scénaristes et dessinateurs) ne publient au plus qu'un album par an, une telle production peut surprendre. C’est que Sfar dessine beaucoup – de cinq à douze heures chaque jour – et déborde d'idées de scénarios. Tout ce qu'il a produit n'est bien sûr pas du même niveau, mais rien ne laisse indifférent. En outre, son aisance à s'exprimer en public et à tenir des propos originaux sur toutes sortes de sujets a fait de lui un des auteurs français de bande dessinée les plus médiatisés (Mathieu Amalric lui a d'ailleurs consacré un documentaire en 2010). En 2016, Joann Sfar est nommé chevalier de la Légion d’honneur et devient professeur à l’École des beaux-arts de Paris, dont il démissionnera en 2023.

L'œuvre de Joann Sfar est protéiforme. Elle s'affirme en 1998, avec la série Donjon, parodie de l'univers des récits de Tolkien, créée avec Lewis Trondheim, et l’année suivante, Professeur Bell, qui prend pour thème les aventures d'un chirurgien occultiste. En 1999, il commence également la série pour enfants Petit Vampire, à l'humour gentiment macabre ; elle connaîtra une adaptation en dessins animés en 2004 et un film d’animation en 2020. De 2000 à 2005, il publie les sept volumes de Pascin, biographie fantasmatique du peintre du Montparnasse des années 1920. Il révèle son intérêt pour l'histoire du judaïsme avec le scénario des Olives noires (trois tomes parus de 2001 à 2003), qui retrace le cheminement intellectuel d'un jeune garçon dans la Palestine occupée par l'armée romaine (dessins d'Emmanuel Guibert). En 2002 débute la publication de ses Carnets, sorte de bloc-notes en textes et en images, dans lesquels – quitte à être accusé de narcissisme – il se met lui-même en scène et raconte des événements de sa vie. Parallèlement, il adapte en 2008 Le Petit Prince de Saint-Exupéry et travaille, en 2010, à une biographie très personnelle de Chagall, sous forme de bande dessinée.

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Média

<em>Le Chat du rabbin</em>, Joann Sfar - crédits : Dargaud/ Sfar

Le Chat du rabbin, Joann Sfar

Autres références

  • BANDE DESSINÉE

    • Écrit par
    • 22 913 mots
    • 16 médias
    ...Olives noires (2001), récit de l’itinéraire intellectuel et spirituel d’un jeune garçon juif dans la Palestine occupée par l’armée romaine. Scénariste le plus prolifique de sa génération, Joann Sfar est parfois scénariste et dessinateur, comme dans Les Dossiers du professeur Bell (1998),...