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RODRIGO JOAQUÍN (1901-1999)

Considéré à tort comme l'auteur d'une seule œuvre, le Concerto d'Aranjuez, auquel il doit son énorme popularité, Joaquín Rodrigo a été l'artisan d'un certain renouveau d'une musique espagnole du passé, qu'il a su faire revivre d'une manière nostalgique et colorée.

Joaquín Rodrigo naît à Sagunto, près de Valence, le 22 novembre 1901. Il perd la vue à l'âge de trois ans. À Valence, il commence ses études musicales avec Francisco Antich, Enrique Gomá et Eduardo López Chávarri (1917-1922). Une de ses premières œuvres importantes est une page pour orchestre, Juglares (1923). En 1925, il remporte le deuxième prix au Concours national de composition avec ses Cinco Piezas infantiles pour piano. Puis il vient à Paris, où il travaille avec Paul Dukas à l'École normale de musique (1927-1932) et où il fait la connaissance de Manuel de Falla. Il réside en France, en Allemagne, en Suisse et en Autriche pendant la guerre civile espagnole, période durant laquelle il écrit plusieurs œuvres vocales d'une rare profondeur (dont Cántico de la esposa, d'après saint Jean de la Croix, 1934) et le poème symphonique Per la flor del lliri blau (1934). De retour à Madrid en 1939, il compose la même année le Concerto d'Aranjuez (Concierto de Aranjuez) pour guitare et orchestre, créé à Barcelone le 9 novembre 1940 et qui assure aussitôt sa notoriété internationale. Cette œuvre survient à point nommé, au moment où la guitare, qui manque alors de répertoire concertant, connaît un regain d'intérêt autour de la personnalité d'Andrés Segovia. Suivent alors plusieurs concertos écrits dans le même esprit mais avec lesquels Rodrigo ne parvient pas à renouveler le succès initial : Concierto heroico pour piano et orchestre (1942), Concierto de estio pour violon et orchestre (1943), Concierto in modo galante pour violoncelle et orchestre (1949).

En 1942, Rodrigo reçoit le prix national de la musique et devient en 1944 conseiller musical à la radio espagnole. En 1947, il est nommé professeur d'histoire de la musique à l'université de Madrid, titulaire de la chaire Manuel de Falla, spécialement créée à son intention. En 1950, il est élu à l'Académie royale des beaux-arts de Madrid. Il renoue avec le succès avec le Concierto serenata pour harpe et orchestre (1952), écrit à l'intention de Nicanor Zabaleta, et, surtout, avec la Fantaisie pour un gentilhomme (Fantasía para un gentilhombre) pour guitare et orchestre (1954), composée pour Andrés Segovia ; en quelques années, tous les plus grands guitaristes inscrivent cette fantaisie à leur répertoire. Rodrigo se tourne alors vers la scène, avec notamment un ballet, Pavana real (1955), une zarzuela, El hijo fingido (1964), et un opéra, La azucena de Quito (1965), sans rencontrer de succès notoire. C'est à nouveau dans le domaine du concerto qu'il renoue avec la réussite : Sones en la Giralda pour harpe et orchestre (1963), Concierto madrigal pour deux guitares et orchestre (1966), Concierto andaluz pour quatre guitares et orchestre, écrit pour Celedonio, Pepe, Celin et Angel Romero (1967), Concierto pastoral pour flûte et orchestre (1978), Concierto para una fiesta pour guitare et orchestre, créé par Pepe Romero (1982). Rodrigo meurt à Madrid le 6 juillet 1999.

À une époque où le dodécaphonisme déferlait sur l'Europe, la musique de Rodrigo semblait en marge de son temps. Elle répondait néanmoins à un besoin et sa diffusion doit moins à sa facilité apparente qu'à son exceptionnelle qualité. Ses autres œuvres, beaucoup moins connues, comportent de belles réussites, toujours dans un genre néoclassique mettant en valeur les rythmes et les inflexions traditionnelles de la musique espagnole ancienne. Ses mélodies, notamment, sont des pages souvent originales et d'une grande beauté. Ses œuvres de musique[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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