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TORRES GARCÍA JOAQUÍN (1874-1949)

Peintre uruguayen né à Montevideo, en 1874, d'une mère uruguayenne et d'un père catalan Joaquín Torres García a dix-sept ans lorsqu'il débarque à Barcelone, où il s'initie à la peinture murale. Il se rend en 1910 en Belgique et en France, avant de revenir à Barcelone, où il exécute deux ans plus tard plusieurs fresques au palais de la Diputacíon et à l'église San Augustin. Jusqu'au début des années 1920, pendant ce qui constituera la première période de son œuvre, l'artiste, à travers d'importants murales, s'affirme comme un représentant éminent du noucentisme, ce mouvement catalan d'inspiration idéaliste et néo-classique qu'il décline à travers de grandes fresques, dans un esprit proche des figures de Puvis de Chavannes.

Ensuite, il n'aura de cesse de bouger. Il retourne en Uruguay, dans sa ville natale, puis s'installe pendant deux ans à New York, avant de repartir, en 1922, pour Madrid, Bruxelles et d'autres capitales européennes. En Italie, il découvre le futurisme, avant de se fixer – pour un temps – à Paris, en 1925. Dans la capitale des arts, où il demeurera jusqu'en 1934, il est partie prenante de l'aventure tumultueuse des avant-gardes européennes. Contemporain de Piet Mondrian, il s'écarte un peu de la figuration pour se tourner vers l'art abstrait. Dès son arrivée, il expose au Salon d'automne. Cinq ans plus tard, il fonde avec Michel Seuphor, critique d'art spécialiste de l'abstraction, le mouvement Cercle et Carré, ainsi que la revue du même nom, et participe, avec les autres membres du groupe, à sa première exposition internationale. En 1932, il décide de rejoindre Montevideo pour un retour définitif au pays ; il y mourra en 1949 – manière de boucler la boucle avec d'incessantes lignes de fuite, des points de rupture et virages à angle droit qui ressemblent un peu à sa manière de peindre.

Les divers travaux – dessins, peintures, mini-sculptures, jouets, et dans une moindre mesure correspondances, revues, photos... – qui constituent l'œuvre de l'artiste uruguayen ne ressemblent pas vraiment à des hiéroglyphes, mais ils en possèdent le charme crypté. Torres García reprend d'ailleurs la rédaction de la revue Cercle et Carré en Uruguay, sous le titre Circulo y Cuadrado, à l'intention de ses étudiants, la transformant en bulletin d'école. Car, depuis qu'il a regagné sa patrie, l'artiste mène, parallèlement à son travail plastique, une carrière d'enseignant. Il ouvre une académie d'Art constructif qui connaît immédiatement un vif succès et contribue à faire de lui, retour d'Europe, le chef de file de la modernité.

<em>Composition universelle</em>, J. Torres-García - crédits : Javier Larrea/ Agefotostock

Composition universelle, J. Torres-García

Au mitan de sa vie, l'artiste avait résolu à sa manière le problème de la quadrature du cercle. La question posée par l'art de Torres García peut en effet s'énoncer sous la forme d'un paradoxe : comment conserver une ressemblance de type mimétique dans une perspective constructiviste ? Ses sources d'inspiration avérées sont, d'un côté, la civilisation précolombienne, et de l'autre, un néoplasticisme mâtiné d'un schématisme faussement enfantin à la Paul Klee. Ses compositions allient ainsi figures, lettres et symboles. Pour les déchiffrer, il faut apprendre à traduire les signes géométriques en un bestiaire, ou les représentations zoomorphes en un alphabet...

Torres García peint dans une pâte riche des toiles où une géométrie aléatoire sert de cadre à des objets empruntés à toutes les cultures, qu'elles soient contemporaines ou primitives, avec une prédilection marquée pour les signes et symboles andins. Ses œuvres, souvent monochromes mais parfois colorées, figurent volontiers des voyages lointains et départs définitifs, au-delà de mers et d'horizons exotiques. Il peut aussi peindre un poisson comme un[...]

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<em>Composition universelle</em>, J. Torres-García - crédits : Javier Larrea/ Agefotostock

Composition universelle, J. Torres-García