SPRECKELSEN JOHAN OTTO VON (1929-1987)
Né en 1929 à Viborg (Danemark), Johan Otto von Spreckelsen est diplômé de l'École d'architecture de l'Académie des beaux-arts de Copenhague en 1953, où il enseigne à partir de 1955. Après avoir fréquenté plusieurs importantes agences danoises, il est attaché à l'École française d'archéologie de Delphes, en Grèce, puis crée son agence en 1958. Il construit la même année sa propre maison, à Hørsholm, au nord de Copenhague.
Invité à enseigner dans les écoles d'architecture d'Ankara en Turquie et de Colombus aux États-Unis, Spreckelsen est plus particulièrement apprécié dans son pays pour les quatre lieux de culte qu'il y réalise. Les deux églises catholiques de Hvidovre (1960) et Esbjerg (1969) sont d'une grande sobriété et témoignent d'une attention particulière à la mise en œuvre des matériaux comme à l'inscription de l'architecture dans le site ; la deuxième, construite en béton cellulaire, affecte la forme d'un cube fermé qui annonce le dessin de la Grande Arche de la Défense, près de Paris. À Vangede (1974) et Stanvnholt (1982), pour le culte protestant, Spreckelsen utilise respectivement une pierre jaune clair et de la brique rouge, avec le même souci de rigueur ; l'architecte y dessine par ailleurs l'ensemble du mobilier, de même que les orgues, dont l'acoustique est remarquable.
Figure discrète malgré sa solide réputation, Spreckelsen fait une entrée subite sur la scène internationale, en 1983, lorsqu'il est lauréat de la consultation internationale pour l'aménagement de la Tête-Défense. Outre son caractère symbolique, son projet a séduit le jury par son extrême simplicité, son évidence, et rappelle en cela la manière dont son compatriote Jørn Utzon avait remporté le concours pour l'Opéra de Sydney en 1957. Spreckelsen s'impose également grâce à l'efficacité de son discours, proche du poème : « Un cube ouvert / Une fenêtre sur le monde / Comme un point d'orgue provisoire sur l'avenue / Avec un regard sur l'avenir. / C'est un « arc de Triomphe » moderne, / À la gloire du triomphe de l'Humanité, / C'est un symbole de l'espoir que dans le futur / Les gens pourront se rencontrer librement. » La Grande Arche de la Défense s'avérera de surcroît le « Grand Projet » mitterrandien le plus consensuel. Sa réalisation n'en sera pas aisée pour autant : le sous-sol saturé de réseaux et les dimensions du monument (un cube de cent mètres de côté), enfin le parement de verre difficile à poser sur une superstructure en béton armé ont fait de ce chantier l'un des plus délicats de l'époque. Spreckelsen démissionnera d'ailleurs en juillet 1986, avant même la livraison du bâtiment (réalisé par Paul Andreu pour le gros œuvre, François Deslaugiers pour les façades et Peter Rice pour le « nuage », structure suspendue entre les parois de l'Arche) ; il décédera en 1987, à Copenhague, sans avoir vu son œuvre majeure achevée. Par cette réalisation, simple et monumentale, Spreckelsen a marqué de son sceau le paysage parisien en même temps qu'il entrait au panthéon des architectes de la fin du xxe siècle.
Bibliographie
F. Chaslin & V. Picon-Lefebvre, La Grande Arche de la Défense, Electa, Moniteur, Milan-Paris, 1989
Arkitektur-DK, no 1-2, Copenhague, 1990.
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Écrit par
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
Classification
Autres références
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- 1 045 mots
Né le 10 juillet 1938 à Caudéran, le jeune Paul Andreu quitte sa Gironde natale pour intégrer l'École polytechnique à Paris avec l'intention de devenir physicien. En 1960, il en sort diplômé, et changé : les cours de dessin l'ont convaincu qu'il était destiné à embrasser une carrière créatrice....