MÖHLER JOHANN ADAM (1796-1838)
Théologien allemand, représentant principal avec J. S. Drey de la première génération de l'école catholique de Tübingen. Après avoir complété ses études théologiques (qu'il avait faites, de 1815 à 1818, à Ellwangen, puis à Tübingen sous la direction de Drey) par un séjour à Berlin et dans d'autres facultés protestantes (1822-1823), Möhler enseigna l'histoire de l'Église à Tübingen de 1823 à 1835, puis à Munich de 1835 à sa mort. Au cours de cette brève carrière interrompue à quarante-deux ans, il renouvela un grand nombre de sujets, qu'il aborda à la fois en patrologue et en théologien spéculatif et qui portaient sur les points essentiels du catholicisme : la foi, le surnaturel, la grâce, l'Église. Sa pensée n'a cessé de se préciser depuis son essai de jeunesse si suggestif sur L'Église et son unité (Die Einheit in der Kirche, 1825 ; traduction française, Paris, 1938) jusqu'à sa Symbolik (1832), et même à la faveur des quatre éditions successives de cet ouvrage, le plus important écrit de controverse qui ait paru contre le protestantisme depuis la fin du xvie siècle (de ces deux livres, J. Geiselmann a donné des éditions critiques parues à Tübingen en 1957 et 1958-1961, précédées d'importantes introductions, qui permettent d'en reconstituer la genèse). Beaucoup moins autodidacte que ne le croyait G. Goyau, Möhler incarne plutôt l'épanouissement d'un renouveau théologique qui comportait à l'origine, à côté de vues traditionnelles profondes et riches, un sentimentalisme un peu flou et des prémisses philosophiques discutables. Inférieur peut-être à Drey du point de vue spéculatif, Möhler l'emporte sur lui en ce qu'il a su mieux que ce dernier dégager de la gangue de la philosophie idéaliste le résultat de toute cette fermentation d'idées. Aussi son œuvre, bien pensée et bien équilibrée, toute parcourue par une conviction enthousiaste qui se traduit dans la chaleur du style, peut-elle être regardée comme un échantillon remarquable de théologie romantique intelligente et, en son fond, très catholique. Personne ne songe plus à voir en lui, comme jadis E. Vermeil, l'ancêtre du modernisme.
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Écrit par
- Roger AUBERT : professeur à l'université de Louvain
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