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HASSE JOHANN ADOLF (1699-1783)

Compositeur allemand né à Bergedorf près de Hambourg. Le nom de Hasse symbolise à lui seul la conquête des pays germaniques par l'opéra et le style italiens au milieu du xviiie siècle. Hasse débute comme chanteur (ténor) à Hambourg et à Brunswick, où il fait représenter en 1721 Antioco, son premier opéra ; il étudie à Naples avec Porpora et Alessandro Scarlatti, et se fixe pour un temps à Venise. En 1730, il épouse la célèbre cantatrice Faustina Bordoni. En 1731, le couple est à Dresde, et Hasse devient maître de chapelle de la cour de Pologne et de Saxe ; on l'y retrouve en 1734, ce qui marque le début de trente années d'activités inlassables dans cette ville, entrecoupées il est vrai par des voyages à Londres, à Munich (1746), à Paris (1750), à Varsovie, à Berlin (il jouit de la très haute estime de Frédéric II). Tombé en disgrâce après la mort de Frédéric-Auguste II, il part pour Vienne, puis pour Venise (1773), où il termine ses jours. En 1771, à Milan, son dernier opéra, Ruggiero, a été représenté en concurrence avec Ascanio in Alba, du jeune Mozart. Appelé en Italie il caro, il divino Sassone, il connut une des carrières les plus heureuses du xviiie siècle, mais ses succès n'eurent d'égal que l'oubli dans lequel il tomba après sa mort, et qui ne s'estompa que dans les années 1980. Représentant typique (avec son principal librettiste Métastase) de l'opera seria et, d'une façon générale, de la musique italienne telle qu'elle se répandit à travers toute l'Europe mais en particulier en Allemagne, il n'écrivit pas moins de cinquante-six opéras et treize intermezzos bouffes, onze oratorios, dix messes et sept fragments de messes, ainsi qu'un très grand nombre de partitions religieuses et instrumentales (concertos, sonates) diverses. Sa musique vaut surtout par le dramatisme de son style déclamatoire, par la façon dont il sut, dans ses airs, caractériser musicalement une situation, un sentiment : par là, il s'inscrit profondément dans l'âge baroque. Il tenta certes, par exemple dans Piramo e Tisbe (1768), de reprendre à son compte les réformes de Gluck. Mais le classicisme viennois, pour qui la musique fut avant toute chose action, ne pouvait que se détourner de son art, trop emprisonné dans les contingences d'une période historique précise, d'un goût trop particulier. Ce qui n'empêcha pas des compositeurs aussi divers que Jean-Sébastien Bach, Johann Adam Hiller, Johann Friedrich Reichardt, Joseph Haydn, et même plus tard Hector Berlioz, de faire de Hasse le plus grand éloge.

— Marc VIGNAL

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