FISCHER VON ERLACH JOHANN BERNHARD (1656-1723)
Salué de son vivant même comme l'artiste en qui s'incarnait la renaissance de l'art allemand, Fischer von Erlach reste le grand architecte de la Vienne triomphante, au tournant des xviie et xviiie siècles. Son père était un sculpteur de Graz, et il reçut sa première formation également comme sculpteur. Un séjour d'une dizaine d'années en Italie, à partir de 1674, le mena à Rome et à Naples, où il semble avoir fréquenté le cercle de Bernin.
Quand il rentre en Autriche, Fischer trouve une situation toute nouvelle : délivrés une bonne fois, après le siège de 1683, de la menace turque, les États des Habsbourg respirent et un âge de grandeur paraît s'ouvrir. Les commandes se multiplient ; l'activité de Fischer se déploie entre Salzbourg, Vienne et Prague. Il parvient rapidement à la plus grande notoriété, est anobli et nommé Erster Hofbaumeister, ce qui équivaut à peu près au titre de premier architecte en France.
Dans le domaine de l'architecture civile, son œuvre majeure consiste dans la construction de Schönbrunn, et plus encore dans les projets qui précédèrent l'exécution. Son premier dessein en effet, grandiose et, reconnaissons-le, difficilement réalisable, comportait l'aménagement monumental de toute la colline où s'élève actuellement la Gloriette, au moyen d'un système de terrasses et de rampes, couronné par un immense palais en hémicycle autour d'un bassin. Le second projet, celui qui fut exécuté à partir de 1696, reprend les motifs du premier, mais à une échelle bien plus modeste.
Les églises élevées par Fischer, par exemple la Kollegienkirche de Salzbourg, consacrée en 1707, ou la Karlskirche (Saint-Charles-Borromée) de Vienne, commencée en 1716 et terminée après la mort de Fischer par son fils, témoignent de préoccupations analogues à celles que manifestent les projets pour Schönbrunn : articulation vigoureuse des volumes et établissement de rapports dynamiques entre eux. De là vient sans doute la prédilection de Fischer pour les formes elliptiques, qui permettent d'instaurer une tension dans l'espace intérieur tout en sculptant fortement les volumes extérieurs. Fasciné par les modèles anciens qu'il va puiser jusqu'en Orient, comme en témoigne son traité publié en 1721, l'Entwurf einer historischen Architektur (Esquisse d'une architecture historique), Fischer n'hésite pas à utiliser les motifs les plus curieux, telles les deux colonnes trajanes qui flanquent le portique de Saint-Charles. Il a largement contribué à modeler le visage de la Vienne baroque dont il demeure le symbole.
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
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