HERBART JOHANN FRIEDRICH (1776-1841)
Les débuts de la psychologie scientifique, généralement attribués à Wundt (1879), remontent en fait aux années 1824-1825. Ces dates sont celles de la publication de l'œuvre principale de Herbart, intitulée Psychologie als Wissenschaft neugegründet auf Erfahrung, Metaphysik und Mathematik (La Psychologie comme science fondée sur l'expérience, la métaphysique et les mathématiques). Ce titre résume la problématique complexe sur laquelle l'auteur entend fonder la nouvelle discipline. Celle-ci apparaît comme un rationalisme métaphysique réalisant, sur le plan des principes, une fusion entre les enseignements mécanistes des sciences naturelles, l'associationnisme anglais et l'idéalisme kantien. De la physique newtonienne Herbart conserve dans son système l'idée de force, concept qu'il transpose, en dehors de toute critique épistémologique, au domaine des idées et des représentations. Les phénomènes d'association constituent sous ce rapport un matériel extrêmement démonstratif, vu qu'ils se prêtent à une analyse en termes d'attraction et de répulsion réciproques. L'influence kantienne se marque chez Herbart par la conviction que les faits observables renvoient à l'essence des choses ; mais, à la différence de Kant, Herbart professe que l'apparence est reliée causalement à son correspondant nouménal. Dès lors, l'analyse empirique des phénomènes introduit automatiquement aux choses en soi. Le dualisme du sujet est donc consommé puisque l'âme, inaccessible en soi, peut être abordée empiriquement par le biais de l'action manifeste. Une telle conception pouvait mener, en principe, à une découverte signifiante du psychisme, mais l'idée de substance sous-jacente excluait au départ une telle démarche. Il était à la fois plus simple et plus logique, dans le contexte de l'époque, de postuler une dualité de la connaissance psychologique elle-même et de passer du métaphysique à l'empirique, et réciproquement, selon le cas. Dans l'édifice rationaliste instauré de cette manière, les changements extérieurs déterminent la production d'idées et de représentations destinées à préserver l'intégrité de la chose en soi ; celles-ci sont donc conçues comme des entités dynamiques susceptibles de s'opposer ou de se renforcer mutuellement à la façon de forces mécaniques. Ainsi, deux idées opposées de force égale verront leur intensité respective réduite de moitié. Si leurs forces sont inégales et si, par exemple, l'idée a est plus grande que l'idée b, la somme de l'action inhibitrice sera inversement proportionnelle à leur intensité. Donc a sera inhibée de (a2 + ab — b2)/(a + b) et b de b2/(a + b). Dans le cas où (b — ab)/(a + b) = 0, l'idée b disparaît, ce qui signifie qu'elle n'atteint plus le seuil de la conscience.
On voit sans peine que, dans l'optique herbartienne, la psychologie scientifique était imaginée sur un mode purement déductif et qu'elle ne pouvait déboucher sur l'expérimentation. La science psychologique entrevue fut absorbée à la naissance dans le mythe de la mathématique universelle.
La pédagogie de Herbart, qui est l'aspect le mieux connu de son œuvre, est entièrement inspirée par cet idéal. L'apprentissage de concepts nouveaux au cours du processus éducatif a pour conséquence principale toute une série de conflits d'idées qui seront régis par la force relative de celles-ci. Dans cette perspective, l'intégration d'idées nouvelles dans des ensembles existants est l'œuvre de l'aperception et il importe que le pédagogue éveille l'intérêt et l'attention spontanée de l'élève pour que les idées nouvelles se consolident et deviennent source de satisfaction affective.
En dépit de son ambiguïté métaphysico-empirique,[...]
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Écrit par
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