BRAHMS JOHANNES (1833-1897)
La musique symphonique
Malgré les encouragements de Schumann, Brahms est venu relativement tard à la symphonie : passé la quarantaine. L'orchestre symphonique l'avait, certes, attiré dès sa jeunesse (Sérénade op. 11, Variations sur un thème de Haydn op. 56), mais jamais il n'avait été tenté par un style qui était alors en pleine vigueur et en pleine nouveauté, la musique à programme.
Ses quatre symphonies s'échelonnent sur une brève période de dix ans (1876-1885). Elles sont les filles des symphonies de Beethoven et traitent avec ampleur le cadre traditionnel. Le travail thématique de développement y est très poussé, mais avec moins de souplesse peut-être que dans la musique de chambre, et l'esprit de variation y est souvent présent. Sur le plan de l'expression, ce sont des œuvres d'une exaltation mesurée, souvent d'un sentiment sylvestre ou pastoral à moins que ce ne soit d'un pathétique affectueusement passionné. Elles ne jettent pas de flammes dévorantes : ce sont les fruits d'un midi sans démon. Elles ont de la grandeur et de l'éloquence, mais jamais de grandiloquence. L'orchestration en est robuste, touffue, puissante et musclée. Il est permis de la trouver épaisse à côté de bien d'autres, mais elle n'a jamais la gaucherie de celle de Schumann ni l'abondance parfois excessive de celle de Bruckner. C'est une orchestration dont le principal mérite est d'être celle de cette musique.
Au même domaine symphonique appartiennent les quatre concertos : deux pour le piano, un pour violon, et un pour violon et violoncelle. Ennemi de la virtuosité gratuite et artificielle, Brahms traite le style concertant d'une façon très personnelle : le ou les solistes y sont presque constamment mêlés au discours général des instruments – ce qui tient à la vocation symphonique de la pensée brahmsienne. Ces solistes, qui ne sont pas des virtuoses systématiquement acrobatiques, introduisent dans ces partitions un élément de variété, de contraste et de relief que n'ont pas les symphonies. Les concertos sont brillants, puissants, mais ils se refusent aux coquetteries d'époque : la virtuosité y est au service exclusif de la musique.
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Écrit par
- Claude ROSTAND : critique musical
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