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CICONIA JOHANNES (1340 env.-1411)

Compositeur et théoricien liégeois, le plus grand musicien entre Guillaume de Machaut (1300-1377) et Guillaume Dufay (1400-1474), dont l'influence, en Italie notamment, redonna vie à une production musicale déclinante. Ciconia vécut à Avignon, où, en 1350, il fut clerc et familier d'Aliénor de Comminges-Turenne, nièce du pape Clément VI ; c'était l'époque où les principes de l'ars nova (Guillaume de Machaut, Philippe de Vitry, J. des Murs) imprégnaient la polyphonie. Il fit un premier séjour de dix ans en Italie (1357-1367), où il suivit le cardinal Gilles d'Albornoz, chargé de la reconquête des États du pape. De retour à Liège, il devint chanoine prébendé de Saint-Jean-l'Évangéliste (1372-env. 1402). Il quitta définitivement son pays d'origine pour l'Italie (canonicat à la cathédrale de Padoue, à partir de 1403). Sa production comprend dix fragments de messe (3-4 voix) ; treize motets (2-4 voix), notamment O anima Christi — qui annonce déjà Dunstable — et ceux qu'il a consacrés à l'éloge de personnages illustres de Padoue, de Florence et de Venise (Felix templum ; O Padua sidus praeclare ; Venetiae mundis splendor...) ; quatre madrigaux italiens (2-3 voix) ; onze ballate italiennes et deux canons à 3 voix. Il fut séduit par le charme de la polyphonie italienne (O rosa bella, sur un poème de Giustiniani ; Dolce fortuna), la souplesse de sa courbe mélodique, la subtilité de l'écriture canonique et des caccie. Ses motets procèdent parfois par entrées imitatives et déploient de longs mélismes, où l'on reconnaît l'influence du style madrigalesque. Il serait le premier à grouper les parties de la messe par deux, sous un ténor commun, selon une construction isorythmique, parfois isomélique, ou encore sous un même motif d'incipit. C'est à lui qu'on doit certainement d'avoir fait connaître en Italie les techniques avignonnaises de la composition de la messe ; à ce sujet, son influence fut grande sur Dufay qui connut sa production en Italie. Selon Clercx-Lejeune, on retrouve le procédé du faux-bourdon dans un Credo de Ciconia (Bologne, Liceo Q 15, 5), et cette technique serait d'origine italienne et non point anglaise. En résumé, le style de Ciconia est une première synthèse entre l'apport français et l'apport italien à la musique de ce temps, le premier caractérisé par une structure isorythmique et une harmonie modale, le second par la courbe mélodique et la richesse de l'écriture canonique. Enfin, outre un traité perdu, De arithmetica institutione, il est l'auteur de Nova Musica et du De proportionibus. Plusieurs de ses œuvres figurent dans le Buxheimer Orgelbuch (tablature d'orgue).

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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  • ARS NOVA

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    • 6 358 mots
    • 2 médias
    Citons aussi le grand musicien liégeois Johannes Ciconia, qui résida en Avignon après 1350, au service du cardinal Gil Albornoz, et devait ensuite s'installer à Padoue où son influence et sa réputation furent grandes.
  • LIÈGE PRINCIPAUTÉ DE

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    • 4 579 mots
    • 1 média
    ...de prébendes canoniales. Puis, avec le cardinal Albornoz et la papauté, ils franchissent les Alpes et découvrent l'Italie. L'un d'eux, Johannes Ciconia, qui fut chanoine à Liège et à Padoue, tira de l'ars nova française et de l'ars nova italienne une arsnovissima qui ouvrit...