GOODENOUGH JOHN B. (1922-2023)
Le physicien américain John Goodenough, spécialiste en physique des solides, fut un pionnier du développement des piles et des batteries rechargeables au lithium, dont l’importance est aujourd’hui manifeste par leur usage pour de nombreux appareils électroniques, des téléphones mobiles aux véhicules électriques. Il a reçu le prix Nobel de chimie en 2019 pour ses travaux effectués à la fin des années 1970 à l’université d’Oxford (Royaume-Uni).
Le manque de vision d’un laboratoire concernant les batteries au lithium
John Bannister Goodenough est né à Iéna (Allemagne) le 25 juillet 1922 de parents américains. Son père est alors étudiant à l’université d’Oxford (Royaume-Uni) où il soutient une thèse de docteur en philosophie en 1923 avant d’être nommé professeur à l’université Yale (New Haven, Connecticut) en histoire des religions. Les trois autres membres de sa fratrie auront tous des carrières universitaires, comme anthropologue pour l’aîné et biologistes pour les deux plus jeunes. John Goodenough suit un cursus de mathématiques à Yale à partir de 1940 mais, comme la plupart des étudiants de sa génération, il voit ses études interrompues par l’entrée en guerre des États-Unis. Il est en effet enrôlé comme météorologiste de l’armée américaine au printemps 1943. En poste dans le Maine puis à Terre-Neuve (Canada), il prépare des bulletins météorologiques pour les avions de chasse et les gros porteurs en route pour l’Angleterre. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l’université de Chicago pour des études supérieures en physique et y soutient sa thèse de doctorat en 1952, sous la direction de Clarence Zener (1905-1993), un théoricien de l’électronique dont le nom est attaché aux diodes Zener,d’usage courant dans les circuits électroniques.
Il est ensuite recruté par le laboratoire Lincoln du Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Lexington (Massachusetts, États-Unis), un centre de recherche fédéral dédié à l’application des technologies innovantes aux problèmes de sécurité nationale. Il y travaille pendant vingt-quatre ans, contribuant en particulier aux progrès dans la conception des mémoires qui font cruellement défaut aux premiers ordinateurs. Il joue un rôle majeur dans la réalisation des mémoires magnétiques à accès aléatoires (MRAM), un type de mémoires non volatiles qui ne sera jamais commercialisé à grande échelle. C’est pendant cette période qu’il s’intéresse aux propriétés physiques de divers oxydes métalliques et aux nickelates de type pérovskite. En d’autres termes, il participe à l’invention de la cristallochimie dont l’importance va aller croissant tant au plan fondamental qu’à celui des applications. En 1970, Goodenough commence à s’intéresser aux problèmes liés aux énergies renouvelables et au stockage de l’électricité. Mais l’administration du laboratoire Lincoln décourage cet axe de recherche qui n’entre pas dans le domaine de compétence qui a été assigné à ce centre. Déçu par ce manque de largeur de vue et par l’entrave à sa liberté de recherches qui en résulte, Goodenough cherche alors à rejoindre le milieu universitaire.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
Classification
Média
Autres références
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PRIX NOBEL DE CHIMIE 2019
- Écrit par Laure MONCONDUIT
- 1 158 mots
- 3 médias
John B. Goodenough est né le 25 juillet 1922 à Iéna, en Allemagne. Après avoir obtenu un doctorat en physique en 1952 à l'université de Chicago, il devient chercheur (1952-1976) au laboratoire Lincoln du Massachusetts Institute of Technology (MIT), dans une équipe chargée de développer la mémoire magnétique...