BROWN JOHN (1800-1859)
Appartenant à une famille de seize enfants du Connecticut, John Brown est nourri dès son enfance des principes antiesclavagistes que lui inculque son père, tanneur et fermier, et auxquels il devait consacrer une bonne partie de sa vie. Renonçant à devenir pasteur de l'Église de la Congrégation, il se rend dans l'Ohio, en Pennsylvanie, au Massachusetts et exerce une série de métiers (conducteur, tanneur, éleveur, marchand de laine). C'est en qualité de marchand que John Brown se rend en Europe en 1849, mais son passage n'est pas remarqué.
À son retour, il s'installe dans une communauté noire financée par le philanthrope Gerrit Smith, à North Elba, dans l'État de New York. À partir de ce moment, il est obsédé par le problème de l'esclavage et se sent appelé à agir publiquement pour rendre justice au peuple noir.
En 1855, il rejoint cinq de ses fils installés dans le Kansas, qui était alors la scène d'une guerre civile larvée entre proesclavagistes et antiesclavagistes. Il s'installe près d'Osawatomie et devient une sorte de chef de guérilla. Après le massacre de cinq antiesclavagistes, il veut les venger ; il se rend, dans la nuit du 24 au 25 mai 1856, dans le campement installé le long du ruisseau Pottawatomie, et, assisté de sept hommes, fait tuer à la hache les cinq hommes soupçonnés. Dès lors, il se fait appeler le « capitaine John Brown d'Osawatomie ».
En 1858, il exécute un raid dans l'État du Missouri et libère un certain nombre d'esclaves qu'il emmène au Canada. John Brown fait, en effet, partie du fameux Underground Railroad, qui se bornait, en temps normal, à assister les esclaves fugitifs. Il connaît bien l'ancien esclave Frederick Douglass, qui est installé à Rochester, et lui fait part d'un plan de libération des Noirs du Sud. En 1858, il tient à Chatham, au Canada, une convention de Blancs et de Noirs, où il fait adopter une constitution et se fait élire commandant en chef du nouveau gouvernement fantôme. Il annonce son intention de s'installer dans les montagnes de Virginie pour y créer un centre de refuge pour les esclaves fugitifs. Il est aidé financièrement par certains riches abolitionnistes du Nord-Est, qui approuvent son entreprise de visionnaire, et en particulier par les « six secrets », dont Gerrit Smith.
En 1859, il fournit des armes à une bande de vingt et un hommes, Blancs et Noirs, réunis par lui, qu'il installe dans une ferme louée en Virginie, près de Harpers Ferry, où se trouve situé un arsenal fédéral. En attaquant cet arsenal, il semble qu'il ait voulu déclencher un mouvement général de révolte chez les esclaves qu'il aurait libérés.
Il lance l'attaque le 16 octobre 1859, s'empare de l'arsenal et prend en otage soixante personnes. Mais il doit se rendre, après deux jours de résistance. Dix de ses associés, dont deux de ses fils, sont tués, les autres sont emprisonnés. Il est lui-même blessé et arrêté.
Lors de son procès, on le reconnaît comme peu responsable de ses actes, mais il refuse un procès fondé sur la folie. Il se déclare non coupable et est condamné à être pendu.
Soutenu par des intellectuels comme R. W. Emerson et H. D. Thoreau, qui font de lui un saint et un héros, il devient un symbole pour les Yankees qui vont se battre contre les Sudistes pendant la guerre de Sécession. Une célèbre marche rappelle sa mémoire.
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Écrit par
- Martine MEUSY : diplômée d'études supérieures de science politique, chargée d'études à la direction de la Documentation française
Classification
Autres références
-
ABOLITIONNISME, histoire de l'esclavage
- Écrit par Jean BRUHAT
- 2 943 mots
- 3 médias
Il y avait parmi eux, Noirs ou Blancs, des divergences quant aux méthodes (« non-violents » et partisans de la force). L'équipée tragique de John Brown avait eu un grand retentissement. De formation puritaine, il avait cherché à organiser en Virginie des maquis pour esclaves fugitifs et s'était,...