Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CAGE JOHN (1912-1992)

Au-delà du musical

On n'a, dans tout ce qui précède, qu'effleuré les activités de John Cage ; Henmar Press, qui édite la musique du Maître de Stony Point, sous l'égide de Peters, en propose un catalogue impressionnant. Surtout, John Cage, auteur de Silence, a publié plusieurs autres recueils (A Year From Monday, 1967 ; M, 1971 ; en collaboration avec Alison Knowles, les Notations de 1969), et un livre d'entretiens (Pour les oiseaux, Conversations avec Daniel Charles, Paris, 1976 ; version définitive : For the Birds, New York-Londres, 1981). Auteur d'un Journal publié de façon intermittente (Diary : how to Improve the World, depuis 1965), il a ensuite expérimenté les possibilités de la « poésie sonore » (62 Mesostics Re Merce Cunningham, 1971 ; Mureau, 1972 ; Empty Words, 1974) et, de là, perfectionné une calligraphie et une typographie déjà extraordinairement travaillées dans certaines des partitions de l'époque de l'indétermination (1958), de façon à publier, selon des techniques par lui inventées, des « raccourcis » d'un roman comme le Finnegans Wake de James Joyce (Writing through Finnegans Wake, 1978 ; Writing for the Second Time through Finnegans Wake, paru dans l'édition du Roaratorio préparée par Klaus Schöning, 1982). De ce que Roland Barthes décrivait comme l'« écriture à haute voix », Cage était déjà fort proche au départ : des idéogrammes lui servaient à symboliser des timbres complexes dans les années soixante ; ses partitions s'exposaient alors dans des galeries d'art. Il avait sculpté, en hommage à Duchamp, des graphismes dans l'espace (Not Wanting to say anything about Marcel, 1969) ; en 1978, il travaille la gravure à la Crown Point Press à Oakland (Californie), et trois séries sortent en 1982 (Changes and Disappearances ; On the Surface ; Déreau). Enfin, des textes « non syntaxiques » avoisinent, dans ses dernières productions (Themes and Variations, 1982), des dessins (Mushroom Book ; Mud Book...), repris d'époques plus lointaines. C'est dire la puissance de création de ce musicien, dont chacune des productions bouleversa les idées reçues, et qui réalisa simultanément à ses compositions « sonores », ou « théâtrales », des transferts de disciplines incessants.

— Daniel CHARLES

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : musicien, philosophe, fondateur du département de musique de l'université de Paris-VIII

Classification

Média

John Cage - crédits : H V Drees/ Hulton Archive/ Getty Images

John Cage

Autres références

  • SONATAS AND INTERLUDES (J. Cage)

    • Écrit par
    • 222 mots
    • 1 média

    En 1938, John Cage, qui professe alors à la Cornish School of the Arts de Seattle, invente le « piano préparé » en plaçant dans la caisse et entre les cordes toutes sortes d'objets : bouchons en caoutchouc, vis et écrous métalliques, lamelles de bois, morceaux de carton ou de papier... Il en résulte...

  • ALÉATOIRE MUSIQUE

    • Écrit par
    • 1 301 mots
    • 4 médias
    L'aléatoire est au centre de la musique deJohn Cage. Le compositeur avait déjà expérimenté le hasard des sonorités avec son piano préparé (Concerto pour piano préparé et orchestre de chambre, 1951) en insérant des corps étrangers (gommes, écrous, vis, clous, papier...) à l'intérieur des cordes...
  • ATONALITÉ

    • Écrit par et
    • 4 382 mots
    • 9 médias
    ...effets nouveaux à partir d'instruments de musique traditionnels, fût-ce en les maltraitant. Un des premiers exemples fut le fameux « piano préparé » de John Cage. Aux alentours de 1975, une nouvelle école, dite « spectrale », voit le jour en France. Dans la musique spectrale, tout le matériau dérive...
  • BODY ART

    • Écrit par
    • 4 586 mots
    • 1 média
    L'origine de cette situation réside peut-être dans l'enseignement du musicienJohn Cage au Black Mountain College, en Caroline du Nord. Dès 1952, il y organise simultanément des lectures de poésie, des concerts de musique, des conférences, des exercices de peinture et de danse (concerted actions...
  • BRECHT GEORGE (1926-2008)

    • Écrit par
    • 628 mots

    Né George MacDiarmid aux États-Unis, George Brecht s'est imposé comme l'un des membres essentiels du mouvement Fluxus dans les années 1960. Pourtant, sa formation de chimiste ne laissait en rien présager un tel parcours. En 1956-1957, il rédige un premier texte fondateur, Chance Imagery...

  • Afficher les 23 références