HEENAN JOHN CARMEL (1905-1975)
Cardinal-prêtre de l'Église romaine, huitième archevêque de Westminster et primat de l'Église catholique d'Angleterre et du pays de Galles, John Carmel Heenan est né à Ilford (Essex) dans une famille d'Irlandais émigrés. Il fit ses études classiques au collège des jésuites de Stamford Hill, puis au collège St. Cuthbert à Ushaw. Il se prépara au sacerdoce à Rome, au Collège anglais, étudiant la philosophie et la théologie à l'Université grégorienne, devant laquelle il soutint une double thèse de doctorat. Ordonné prêtre en 1930, il fut, dans son diocèse de Brentwood, d'abord vicaire, puis, dès l'âge de trente-deux ans, curé de paroisse. C'est dans ce dernier poste, à partir de 1937, que, renforcé dans son anticommunisme à la suite d'une visite en Union soviétique il commença à se faire connaître du public britannique par ses écrits et par ses émissions radiophoniques, inaugurant une carrière qui, souvent sujette à controverses, allait plus tard le rendre familier aux téléspectateurs.
D'ailleurs, son goût pour le ministère paroissial ne résista pas devant celui qu'il avait pour cette autre forme d'apostolat et qui lui valut d'être nommé, en 1947, supérieur de la Société missionnaire catholique, institut voué à la propagation du catholicisme en Angleterre. En cette époque d'après-guerre où la formule des « missions », fondée sur des séries brèves et intensives de prédications, connaissait, dans les chrétientés d'Europe occidentale, un surprenant renouveau, le père Heenan et ses « missionnaires » multiplièrent, dans les villes et villages, des rassemblements qui, par leur type d'organisation autant que par le contenu doctrinal des conférences, ressemblaient souvent à des meetings politiques. Pour préparer l'Angleterre à l'Année sainte de 1950, le zélé supérieur mit sur pied une mission qui s'étendit à l'ensemble du pays. Peu de temps après, en 1951, Rome fit de lui l'évêque de la ville industrielle de Leeds. En 1957, il devint archevêque de Liverpool, où il a attaché son nom à la construction de la cathédrale du Christ-Roi, édifice futuriste qui fut achevé en 1967 et dont le plan, suscité par Mgr Heenan, remplaçait un autre projet beaucoup plus coûteux et beaucoup plus long à réaliser.
Par sa nomination à l'archevêché de Westminster en 1963, suivie de son élévation au cardinalat en 1965, John Heenan devint le chef de l'Église catholique en Angleterre et au pays de Galles et fut naturellement élu par la suite président de la Conférence épiscopale de son pays. Cette place de primat lui valut d'être le porte-parole de l'épiscopat anglais pendant les trois dernières sessions du IIe concile du Vatican, au cours duquel il se fit remarquer comme un des orateurs de la « minorité ». Certes, sa position d'évêque catholique dans un pays où la hiérarchie officielle est celle de la religion anglicane, son titre de vice-président du Secrétariat romain pour l'unité des chrétiens et ses relations cordiales avec des dignitaires de l'Église d'Angleterre, notamment l'archevêque de Canterbury, lui inspirèrent, en septembre 1965, une défense des droits des non catholiques fondée sur la loi de la réciprocité : « On nous accuse de supprimer la liberté religieuse des non catholiques lorsque nous sommes assez forts pour le faire. En toute honnêteté, nous devons faire notre examen de conscience, nous demander jusqu'à quel point cette accusation est fondée. » Mais bien souvent l'archevêque de Westminster apparut, dans ses interventions au sein ou en marge du Concile, comme un farouche défenseur de la tradition. En 1964, il s'en prit violemment aux théologiens (periti) conciliaires, visant, pense-t-on, Bernard Häring qui venait de critiquer une des récentes[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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