Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CARRADINE JOHN (1906-1988)

Certains réalisateurs souhaitent constituer, à l'instar d'une troupe de répertoire théâtral, une famille d'acteurs qui les accompagnera tout au long de leur carrière cinématographique. Aux États-Unis, John Ford engageait ainsi, aux côtés des vedettes, des acteurs assez typés, tels Ward Bond ou John Carradine, Richmond Reed Carradine de son vrai nom. Né à New York en 1906, cet ancien acteur de théâtre, qui semblait échappé d'une toile de Modigliani, aura illustré toute une période de l'âge d'or d'Hollywood. Interprète d'un nombre considérable de films, il est surtout associé à l'univers de John Ford et au courant fantastique des studios Universal dans les années 1930 et 1940. Ainsi, il aura donné un visage aux héros monstrueux de Mary Shelley et Bram Stoker (La Maison de Dracula, 1945), ou illustré des mythes comme celui du Loup-Garou.

Non sans humour, Carradine utilisait une voix sépulcrale qui conférait plus d'étrangeté encore à sa silhouette efflanquée. C'est toujours vêtu de noir qu'il apparaît, dans L'Homme invisible d'après H. G. Wells (1933), Le Chat noir d'après Edgar Allan Poe (1934), Le Fantôme de la momie (1944) ou Le Chien des Baskerville (1939) d'après Conan Doyle, œuvres bien respectables, somme toute !

Au côté de John Ford, John Carradine allait donner toute sa mesure : tueur impénitent dans La Chevauchée fantastique (1939), prêcheur repenti dans Les Raisins de la colère (1940), on le retrouve aussi dans L'Homme qui tua Liberty Valance (1962), Hurricane (1937), Je n'ai pas tué Lincoln (1936), Les Cheyennes (1964)... Il a toutefois été l'interprète d'autres « grands » d'Hollywood : Fritz Lang (Man Hunt, 1941), Cecil B. De Mille (Le Signe de la croix, 1932 ; Les Dix Commandements, 1956), Henry King. Pur produit des studios hollywoodiens, il tourna au début de sa carrière environ huit films par an, avec parfois des rôles en vedette. Citons le curieux Barbe-Bleue d'Edward Dmytryk (1944), ou Hitler's Madman de Douglas Sirk (1942), dans lequel il incarne le bourreau nazi Heydrich. Parallèlement, Carradine interpréta au théâtre le répertoire de Shakespeare, dont il s'inspirera toujours pour « trouver » la démesure de ses personnages. Dans les années 1950 et 1960, il tourne encore avec des réalisateurs tels que Nicholas Ray (Johnny Guitare, 1954), tandis que Jerry Lewis lui rend hommage en 1964 dans Le Souffre-Douleur au côté de Peter Lorre, autre acteur « culte ». Comme tout comédien de sa génération, Carradine a connu également son purgatoire, fait d'apparitions dans de petites productions tournées au Mexique et en Espagne, toujours dans des rôles de vampire et de zombie, mais cette fois sans dimension poétique ou littéraire.

— André-Charles COHEN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification