CASSAVETES JOHN (1929-1989)
Familles
La rupture du contrat va ramener Cassavetes à « son » cinéma, et nous valoir une de ses œuvres maîtresses, Faces (1968), où il retrouve ses complices. Cassavetes sollicite sa famille ; une famille au sens strict, qui compte sa femme Gena Rowlands et ses trois enfants, sa mère Katherine Cassavetes, sa belle-mère Lady Rowlands, le frère de sa femme David Rowlands, et une famille au sens large, composée de ses amis Ben Gazzara, Peter Falk, Seymour Cassel entre autres. La seule Gena Rowlands, dont on voit la beauté varier sans qu'elle perde le moins du monde de son pouvoir de fascination, sa fragilité et son énergie, sera présente dans sept films : Un enfant attend, Faces, Minnie and Moskowitz (Ainsi va l'amour, 1971), Une femme sous influence, Opening Night (1977), Gloria (1980) et Love Streams (Torrents d'amour, 1984). Peter Falk participe à trois films : Husbands (1970), Une femme sous influence, Big Trouble (1986). Cassavetes monte Faces dans son garage, la nuit et le week-end, tourne parfois des scènes dans sa propre maison (Faces, Husbands, Torrents d'amour...).
Le thème de la famille, du couple, de la famille élargie jusqu'à une forme de « tribu » est au cœur des films de Cassavetes. Deux sœurs métisses et un frère noir sont au centre de l'intrigue de Shadows ; Faces raconte la dislocation d'un couple en quelques heures ; Ainsi va l'amour, la formation d'un couple improbable entre un hippy attardé, gardien de parking et une blonde sophistiquée qui fréquente les bars chics ; dans Une femme sous influence, un couple traverse une crise violente qui passe par la dépression et une tentative de suicide ; l'actrice Myrtle Gordon, interprétée par Gena Rowlands dans Opening Night, a remplacé sa famille par celle du théâtre, qui ne lui apporte pas la chaleur et l'affection réelles d'un foyer, ce qui est également le drame de Cosmo Vitelli dans Meurtre d'un bookmaker chinois (The Killing of a ChineseBookie, 1976) ou de Ghost dans La Ballade des sans-espoirs. Torrents d'amour vogue entre rupture conjugale et tentation de l'inceste. Il n'y a guère de femmes dans Husbands, mises à part quelques entraîneuses de bar. Mais les quatre jours de goguette des trois bourgeois quadragénaires, de Long Island à Londres, sous le prétexte de l'enterrement d'un ami commun, laissent apparaître en creux leurs épouses et leurs enfants. Gus et Archie rentrent chez eux les bras chargés de cadeaux, tandis que Harry fuit sa femme et sa belle-mère pour une aventure incertaine.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Média
Autres références
-
FACES, film de John Cassavetes
- Écrit par Jacques AUMONT
- 1 000 mots
Lorsque sort Faces, John Cassavetes (1929-1989) est plus connu en tant qu'acteur que comme cinéaste. La série télévisée « Johnny Staccato » (1959-1960), ses rôles de méchant dans À bout portant (The Killers, 1964, de Donald Siegel) et Les Douze Salopards (The Dirty Dozen, 1967, de Robert...
-
BERNSTEIN ELMER (1922-2004)
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 847 mots
Il est l'auteur d'une des plus célèbres musiques de film, celle des Sept Mercenaires. Mais le compositeur et chef d'orchestre américain Elmer Bernstein est aussi – aux côtés de ses compatriotes Alex North et Bernard Herrmann – un des protagonistes du renouveau du langage musical cinématographique...
-
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Le théâtre et le cinéma
- Écrit par Geneviève FABRE , Liliane KERJAN et Joël MAGNY
- 9 328 mots
- 11 médias
Pendant longtemps, le seul véritable cinéaste indépendant et radicalement en marge du système à s'être imposé par ses œuvres plus que par le succès fut John Cassavetes, dont les films (Shadows, 1957 ; Faces, 1968 ; Une femme sous influence, 1975 ; Love Streams, 1984) tournent radicalement... -
FINANCEMENT PARTICIPATIF ou CROWDFUNDING
- Écrit par Jean-Charles DUFEU
- 3 595 mots
- 1 média
...Autre exemple marquant de financement participatif, cette fois dans l’industrie du cinéma : à la fin des années 1950, le réalisateur américain John Cassavetes lance un appel aux auditeurs d’une radio locale : « Financez un film qui vous ressemble ». Il ajoute qu’il lui sera possible de réaliser... -
GAZZARA BEN (1930-2012)
- Écrit par Karen SPARKS
- 337 mots
- 1 média
L’ acteur américain Ben Gazzara se distinguait par sa voix râpeuse ainsi que sa présence troublante sur la scène comme à l’écran. Pendant sa carrière, longue de plus de soixante ans, il se produisit à Broadway, créant le rôle de Brick dans Cat on a Hot Tin Roof (La Chatte sur un toit...