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CLARE JOHN (1793-1864)

Ce sont ses origines paysannes qui déterminent très tôt la vocation de celui qu'on surnommera « le poète paysan du Northamptonshire ». Fils de paysans misérables et presque analphabètes, John Clare passe son enfance dans les champs et les bois, à garder les oies et les moutons, ne suivant l'école que pendant les mois d'hiver. Dès l'âge de douze ans il doit gagner sa vie. Il fait toutes sortes de métiers : ouvrier agricole, gardien, vacher. Il s'engage même quelques mois dans l'armée. Chaque fois qu'il a quelques sous, il achète des livres, et le travail qu'il préfère est celui des champs, parce qu'il lui laisse l'esprit libre pour composer des vers qu'il note à la hâte dans la coiffe de son chapeau.

Il publie en 1820 son premier recueil : Poèmes descriptifs des paysages et de la vie rurale (Poems Descriptive of Rural Life and Scenery). Du jour au lendemain, c'est le succès et la célébrité. Des admirateurs se précipitent. Lui-même se rend pour la première fois à Londres, où il est accueilli dans les milieux littéraires. Lord Rastock lui offre sa protection et un revenu annuel. Il publie son second livre l'année suivante : Le Chantre du village (The Village Minstrel, 1821).

On a parfois comparé la poésie de John Clare à celle de Robert Burns. Tous deux chantent en effet la nature. Mais loin de se contenter d'imiter, les descriptions précises de Clare, l'originalité de ses rythmes et la structure complexe de ses rimes donnent à sa poésie un cachet qui lui est propre.

Si la veine principale de Clare est pastorale et naturaliste (bien qu'il ne répugne pas à composer parfois de gaillardes chansons à boire), il trouve aussi l'inspiration dans l'amour malheureux qu'il avait porté dans sa jeunesse à Mary Joyce, la fille d'un riche fermier. En effet, après une période de bien-être, pendant laquelle il se marie et publie L'Almanach du berger (The Shepherd's Calendar, 1827), les soucis d'argent dus à une nombreuse progéniture réapparaissent, et sa santé ne tarde pas à s'altérer : au cours d'hallucinations quotidiennes, il voit Mary Joyce, lui parle, compose pour elle des poèmes. Il sombre peu à peu dans la folie et dans l'oubli. Il publie encore La Muse rurale (The Rural Muse, 1835), mais il terminera ses jours dans un asile d'aliénés, dans l'indifférence générale.

— Ann Daphné GRIEVE

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

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