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VENTER JOHN CRAIG (1946- )

John Graig Venter - crédits : PLoS Biology/ D.R.

John Graig Venter

John Craig Venter est né le 14 octobre 1946 à Salt Lake City (Utah). Il effectue ses études en Californie et, après une interruption due à la guerre du Vietnam (période durant laquelle il rejoint le corps médical des forces navales américaines et participe à l'offensive du Têt), il s'oriente vers la biologie. En 1975, il obtient un doctorat de physiologie et de pharmacologie puis occupe plusieurs postes avant de rejoindre, en 1984, l'Institut national de la santé (National Institutes of Health, N.I.H.) à Bethesda (Maryland). Ses recherches sont alors consacrées à l'étude des gènes impliqués dans la neurotransmission.

Entré tard dans le domaine de la génétique moléculaire, il y obtient rapidement des résultats spectaculaires en définissant les séquences d'ADN exprimées dans un tissu, le tissu nerveux dans ce cas particulier. C'est avec ces résultats que le premier scandale arrive : il prend en effet des brevets sur les séquences d'ADN (les gènes) qu'il a étudiées, ce qui provoque de vives réactions au sein de la communauté scientifique qui s'oppose à cette appropriation des séquences du vivant. Il quitte alors le N.I.H. en 1992 pour fonder une société privée d'études en génomique, le T.I.G.R. (The Institute for Genomic Research). C'est là qu'est effectué, dès 1995, le premier séquençage complet d'une bactérie, celui d'Haemophilus influenzae. Après avoir quitté le T.I.G.R en 1998, il crée alors Celera Genomics Inc, avec l'aide du fabricant de séquençeurs automatiques d'ADN Perkin Elmer, ayant l'ambition d'être le premier à déterminer la séquence du génome humain. Depuis ce moment, les images de Venter scientifique et de Venter businessman sont mêlées et ses pratiques, souvent brutales et simplificatrices, sont source de conflits avec la communauté universitaire. Il réussit, en même temps que le consortium international public Human Genome Project – qui regroupe les laboratoires des seize pays impliqués et dont les activités sont coordonnées par Hugo (Human Genome Organisation) –, la séquence du génome humain (en fait le sien) en 2000. Tous ces travaux sont publiés en février 2001, dans la revue scientifique britannique Nature pour ceux de l'équipe Craig Venter et dans la revue américaine Science pour ceux du consortium dirigé par Francis Collins. En 2002, il crée le John Craig Venter Institute et ses deux pôles (l'un à Rockville dans le Maryland et l'autre à San Diego en Californie) avec deux objectifs : produire des organismes dont le génome est entièrement artificiel et développer les applications en médecine des analyses du génome humain. Après le succès de la synthèse chimique d'un chromosome bactérien fonctionnel en 2010, Craig Venter se tourne désormais vers l'application de ses résultats aux domaines énergétique et alimentaire, en association avec les sociétés Synthetic Genomics et Exxon. Quelles que soient les réserves que l'on peut avoir sur ces liens indissociables avec l'industrie, la gestion d'un domaine de la biologie, comme l'est la Big Science en physique, avec des investissements très lourds et un important personnel à fonctions sérialisées, donne des résultats impressionnants, hors de la portée des institutions universitaires. Il faut noter aussi que Craig Venter, ainsi que d'autres scientifiques de sa génération comme Leonard Herzenberg et Leroy Hood et un tout petit nombre d'autres, a su – grâce au couplage entre science, mise au point et production d'appareillages nouveaux – donner des orientations originales, et souvent devenues dominantes, aux méthodes de la biologie actuelle.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Autres références

  • GÉNOMIQUE - Génome artificiel

    • Écrit par
    • 2 146 mots
    Pour arriver à un tel résultat, l'intelligence, le savoir-faire et la coordination ne suffisent pas : il faut également financer les travaux. Craig Venter s'est appuyé, ces dernières années, sur la société Synthetic Genomics Inc., laquelle a financé à hauteur de 30 millions de dollars ce projet, un...