DALTON JOHN (1766-1844)
L'accueil de la théorie
L'intérêt de Berthollet pour le problème des forces de cohésion le conduisit à s'opposer à la théorie des proportions définies. Collaborant à une traduction française du System de Thomson, il rédigea une préface dans laquelle il s'opposait à la théorie atomique parce qu'elle était hypothétique. En 1814, Wollaston fit remarquer le caractère arbitraire des lois adoptées par Dalton pour décider du nombre d'atomes présents dans un composé. Il conseilla aux chimistes de s'en tenir strictement aux faits et de parler d'« équivalents pondéraux » plutôt que de rêver à des particules hypothétiques et à leurs arrangements. Berthollet le soutint, ainsi que la plupart des chimistes anglais et français.
L'étude des gaz devait apporter une solution aux problèmes des formules atomiques. Dans un mémoire publié en 1809, Gay-Lussac montra que, lorsque deux gaz se combinent, leurs volumes sont dans un rapport simple. En 1811, Avogadro différencia ce que nous appelons aujourd'hui « atomes » et « molécules », une molécule étant la plus petite quantité de matière pouvant être obtenue à l'état composé. Il montra que les lois de Gay-Lussac seraient valables si tous les gaz, dans les mêmes conditions de température et de pression, contenaient le même nombre de molécules. Deux volumes d'hydrogène et un d'oxygène donnent deux volumes de vapeur d'eau ; la molécule d'oxygène doit par conséquent être coupée en deux dans la combinaison ; les molécules d'oxygène et d'hydrogène doivent renfermer deux atomes et la molécule d'eau un atome d'oxygène et deux d'hydrogène. Ampère parvint, indépendamment d'Avogadro, à des conclusions identiques (1814) ; mais, pour toutes sortes de « bonnes raisons », ces idées ne seront pas acceptées par les chimistes avant que Cannizzaro les ressuscite à la conférence de Karlsruhe en 1860.
C'est donc seulement à cette date que l'accord se fit sur les masses atomiques connues, mais, dès 1814, Berzelius avait proposé une notation à base de lettres à la place des cercles de Dalton ; au cours des années suivantes, il détermina avec une grande précision les masses d'un grand nombre d'équivalents. Il se servit de la théorie atomique pour expliquer les phénomènes d'isomérie (deux composés diffèrent bien qu'ils aient les mêmes constituants dans les mêmes proportions) et d'isomorphie (deux substances différentes ont la même forme cristalline). Bien que d'éminents chimistes, parmi lesquels Dumas, Brodie, Berthelot et Ostwald, aient refusé cette théorie, à la fin du xixe siècle elle était devenue le principe fondamental de la chimie. Dalton lui-même, après 1808, ne joua qu'un faible rôle dans le développement de la théorie, mais on reconnaissait ses mérites : en 1826, il reçut la Royal Medal de la Royal Society et, en 1830, il fut élu associé étranger de l'Académie des sciences de France. Son plus célèbre disciple fut Joule. Manchester considérait Dalton comme son citoyen le plus éminent.
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Écrit par
- David Marcus KNIGHT
:
senior lecturer history of science , University of Durham, États-Unis, P.H.D.,editor ,British Journal for History of Sciences
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