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DOWLAND JOHN (1563-1626)

De ce grand luthiste et chanteur de l'époque élisabéthaine, on ignore s'il naquit en Angleterre ou en Irlande, d'où était originaire sa famille. Dès 1580, à l'âge de dix-sept ans, John Dowland se trouve à Paris dans la suite de l'ambassadeur d'Angleterre. Trois ans plus tard, il revient en Grande-Bretagne et obtient des diplômes en musique des universités d'Oxford et de Cambridge. L'échec de sa tentative pour obtenir une situation de musicien à la cour (il l'attribue à sa conversion au catholicisme lors de son séjour en France) l'affecte à un point tel qu'il désire « aller au-delà des mers ». Il effectue de mémorables randonnées à travers l'Allemagne (notamment aux cours de Brunswick et de Hesse) et l'Italie (où il se lie avec le grand madrigaliste Luca Marenzio). Ayant jugé bon de faire amende honorable, il regagne l'Angleterre et y publie, en 1597, The First Book of Song or Ayres. De 1598 à 1606, il est luthiste à la cour de Christian IV, roi de Danemark, avant d'en être chassé pour des raisons assez obscures. En 1612, il est enfin nommé luthiste du roi d'Angleterre Jacques Ier et passe les quatorze dernières années de son existence à son service et à celui de son successeur, Charles Ier. La date et le lieu exacts de sa mort restent inconnus. « Semper Dowland semper dolens » : cette exergue à l'une de ses pavanes caractérise bien ce musicien, qui fut à la fois le plus grand luthiste de son époque, et reconnu comme tel, et un compositeur à qui l'on doit certaines des mélodies les plus belles et les plus émouvantes de tous les temps. Sa production, compte non tenu de quelques pièces dispersées, se résume à trois livres d'Ayres (1597, 1600 et 1603), au recueil pour quintette de violes et luth intitulé Lachrimae ou Sept Larmes... (Lachrimae or Seaven Teares..., 1604) et à un recueil intitulé La Consolation du pèlerin (A Pilgrimes Solace, 1612), qui n'est autre qu'un quatrième livre d'Ayres. Des quatre livres d'Ayres, ou chansons au luth, les deux premiers relèvent surtout de la tradition polyphonique (bien qu'ait été prévue une réduction des parties inférieures en tablature de luth pour en permettre l'interprétation par une seule voix accompagnée) ; les deux derniers sont au contraire de pures monodies accompagnées. Le total fait quatre-vingt-sept pièces, imprégnées de rythmes de danse, mais en même temps d'une rare sensibilité poétique : beaucoup de mélodies, par exemple Come Away, Come Sweet Love, ou encore Come, Heavy Sleep, sont de celles qu'on n'oublie plus. Quant aux Lachrimae (aux sept Larmes proprement dites, qui sont autant de pavanes, s'ajoutent encore quatorze danses diverses), Dowland lui-même utilisa, à leur sujet, le terme « passionné » (passionate) : c'est un des plus magnifiques monuments de la musique instrumentale du xviie siècle naissant.

— Marc VIGNAL

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