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DRYDEN JOHN (1631-1700)

Un écrivain « arrivé »

En 1670, Dryden est nommé historiographe du roi, qui lui accorde, outre son salaire, « un tonneau du meilleur vin des Canaries », de la même manière qu'un souverain du Moyen Âge avait jadis récompensé Chaucer. Mais il faut plaire au public. « Le plaisir est l'un des objets de la poésie, et le but l'instruction » ; Dryden s'exprime ici comme Molière et comme sir Philip Sidney au temps de la Renaissance. Il faut que le poète ait de l'« esprit », c'est-à-dire « la faculté d'imaginer [...] qui, pareille à un épagneul agile, bat et parcourt en tous sens le champ de la mémoire jusqu'à ce qu'elle fasse lever le gibier qu'elle quêtait ». C'est en suivant cette règle que Dryden poursuit sa carrière d'auteur dramatique, tenté le plus souvent de satisfaire au goût incertain du public restreint de la Restauration et de gagner de l'argent. On ne compte pas moins de quatre-vingt-quinze prologues de pièces de théâtre ; il consent à prostituer son talent, mais, à tous égards, il réussit mieux que bien d'autres écrivains réduits à la misère. Il est désormais digne de vivre de sa plume, de son copyright, et le prouve en écrivant quelque quarante pièces de théâtre, parmi lesquelles Aureng-Zebe (1675), inspiré d'un sujet exotique contemporain traité sur le mode tragique et qui est sa dernière pièce écrite en vers rimés.

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