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DRYDEN JOHN (1631-1700)

L'auteur satirique

L'agitation whig, provoquée par les prétentions des catholiques de mettre Jacques, duc d'York, frère du roi, sur le trône, ouvre à Dryden une carrière d'auteur satirique, où il va exceller. Charles II ne voulait pas croire à un « complot papiste », en 1678, contre sa personne, tandis que son ministre whig, le comte de Shaftesbury, réprimait brutalement les auteurs présumés du complot. La potence et la loi du Test livraient les suspects à la vindicte publique, tandis que les whigs portaient aux nues le duc de Monmouth, bâtard de Charles II et roué notoire. Cependant, les modérés se ralliaient au duc d'York. En novembre 1681, le roi triomphait des whigs et ridiculisait Shaftesbury, puisque le duc d'York était acclamé par la nation et devait succéder à son frère en 1685. Monmouth était mis à mort, comme traître. Tel devait être le sujet d'Absalom et Achitophel (1681), publié au moment où le coupable, Shaftesbury, paraissait devant ses juges.

Dryden transpose l'histoire en une fable biblique. Monmouth (Absalom, fils rebelle du roi David dans II Samuel, xv) a été tenté par le séducteur Shaftesbury (Achitophel). Tout le prétendu complot est ainsi traité sur le mode parodique, et les agitateurs sont pourfendus en raison de leur coupable aveuglement. L'humeur atrabilaire a perdu le partisan ; la déraison, l'enthousiasme, selon la psychologie du temps, sont responsables de cet égarement, ainsi qu'un sentiment démocratique, dont Dryden, qui ne voulait pas « être fou comme le populaire », avait horreur. Dryden était-il pour autant du côté de Hobbes ? Certains passages du poème révèlent qu'il défend à l'avance certains des principes qui inspireront la Révolution de 1688 : le roi doit tenir son autorité du bon plaisir du peuple ; il faut suivre aussi la voie de la tradition. Telle sera aussi la sagesse de Swift (1667-1745) dans les voyages de Gulliver chez les géants (Gulliver's Travels, 1726).

Religio Laici (1682) est le témoignage, en couplets « héroïques », d'un anglican et d'un « honnête homme » qui, à peine trois ans plus tard, se convertit à l'Église romaine et justifie sa foi nouvelle dans un autre poème, La Biche et la panthère (The Hind and the Panther, 1686). Or, après 1688, la monarchie étant protestante, avec Guillaume III d'Orange et la reine Mary, aucun intérêt personnel ne pouvait retenir Dryden dans le catholicisme. Dryden restait fidèle au prétendant Stuart, le fils de Jacques II l'exilé, qui avait été le héros d'Absalom et Achitophel. Les dernières années de sa vie furent consacrées à écrire, en particulier un Discours sur la satire(1692) où il précise la vocation du poète, s'inspirant de Perse, d'Horace et de Juvénal.

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