GARDINER JOHN ELIOT (1943- )
Le pèlerinage des « Cantates » de Bach
Toujours en 1990, John Eliot Gardiner fonde l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique avec lequel il s’attache à retrouver, sur instruments d’époque, la saveur originelle des œuvres du xixe siècle. Beethoven, Berlioz – ses œuvres les plus connues, comme la Symphonie fantastique qu’il enregistre sur les lieux mêmes de sa création en 1830 dans la salle de l’ancien Conservatoire de Paris, mais aussi une Messe solennelle dont le manuscrit a été exhumé en 1993 plus d’un siècle après sa composition – Schubert, Schumann et même Brahms en seront les premiers bénéficiaires. Ils seront bientôt suivis par une approche « historiquement informée » des opéras de Weber (Le Freischütz, Obéron), Bizet (Carmen), Berlioz (Les Troyens, dont il dirige en 2003, au Théâtre du Châtelet, la première représentation complète donnée en France), Chabrier (L’Étoile), Verdi (Falstaff) et Debussy (Pelléas et Mélisande) qui retrouvent sous sa baguette un naturel et une fraîcheur insoupçonnés. Il laisse également sa trace dans la musique de son temps avec des créations d’Aribert Reimann (John III/16, 1976), d’Alexander Goehr (The Death of Moses, 1992) et de Jean-Guy Bailly (Aubrac Symphonie, 1993). Chef permanent de l’Orchestre symphonique de la N.D.R. de Hambourg (1991-1994), il est invité par les plus illustres phalanges – l’Orchestre philharmonique de Vienne, l’Orchestre symphonique de Londres, le Gewandhaus de Leipzig, le Royal Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orchestre de la Radio bavaroise ou l’Orchestre national de France, entre autres – et triomphe sur les plus grandes scènes européennes.
L’impressionnante discographie de John Eliot Gardiner compte plus de 250 albums. Bach, avec une monumentale intégrale de ses cantates sacrées (56 CD enregistrés en public pour le label Soli Dei Gloria), ses messes, passions et motets en constitue le centre de gravité. La pratique du chantchoral dès son plus jeune âge l’a sensibilisé à la lisibilité du texte et à la clarté des textures sonores. Attaché à transmettre avec fidélité le message biblique de Bach, John Eliot Gardiner sait unir, à l’égal des plus grands, vivacité des rythmes de danse, émotion sensuelle et élans mystiques. Haendel avec ses oratorios – dont un Messie d’anthologie –, Monteverdi à qui il doit ses premiers succès et toute la musique anglaise du xviie siècle sont servis avec le même enthousiasme. Dans l’ensemble de ce répertoire, ses partenaires vocaux habituels sont Paul Agnew, James Bowman, Charles Brett, Emma Kirkby, Magdalena Kozema, Felicity Lott, Felicity Palmer, Anne-Sofie von Otter, Anthony Rolfe Johnson, Jennifer Smith, David Thomas et Robert Tear. En outre, John Eliot Gardiner s’est imposé devant les micros aussi bien qu’il l’a fait sur scène, comme l’un des interprètes majeurs de la musique de Berlioz. Il sait aussi bousculer les traditions en signant de remarquables intégrales des symphonies de Beethoven et Schumann avec des effectifs allégés. Son répertoire inclut aussi bien Haydn, Mozart, Schubert, Mendelssohn que Messager, Rossini, Verdi, Elgar, Janáček, Stravinski ou Britten.
Soucieux de transmission, John Eliot Gardiner créé en 2007 le Monteverdi Apprenticeship Programme, qui invite chaque année huit jeunes chanteurs. En 2014, il devient président des Archives Bach de Leipzig. Cette même année, il publie un monumental ouvrage, Musique au château du ciel.Un portrait de J. S. Bach.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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