BURNS JOHN ELLIOT (1858-1943)
Alors qu'il n'est qu'un jeune ouvrier mécanicien, Burns adhère au socialisme. Il participe, avec Hyndmann notamment, à la fondation de la Democratic Federation, première organisation ouvrière anglaise se réclamant du marxisme. Dénonçant le « défensisme » des leaders syndicalistes, Burns et ses camarades exigent une action ouvrière offensive débouchant sur la politique ; ils avancent les mots d'ordre de la journée de travail de huit heures et le maintien d'un salaire ouvrier minimal. En 1883, le groupe se transforme en Social-Democratic Federation et axe son activité sur les associations ouvrières. En 1886, lors de la manifestation du lundi noir contre le chômage à Trafalgar Square, Burns arbore le drapeau rouge ; arrêté avec les autres dirigeants du groupe, il présente lui-même sa défense et est acquitté. En 1887, il est de nouveau arrêté après le dimanche sanglant du 13 novembre, journée de manifestation pour la liberté d'expression. Convaincu de l'imminence de la chute du régime économique et social, il s'est, peu avant, opposé à son ami Tom Mann à propos de la revendication de la journée de huit heures, qui lui apparaît comme une revendication « triviale », parce que, affirme-t-il, « le système capitaliste est aux abois et notre devoir consiste à nous préparer à saisir tous les moyens de production et à balayer totalement le capitalisme ».
En 1889, Burns est un des dirigeants de la grande grève des dockers de Londres qui amènera la création de la Transport and General Workers Union, première organisation syndicale nationale. Le syndicalisme de masse offensif pour lequel il se bat depuis dix ans devient une réalité. Cette même année, Burns est élu conseiller municipal de Londres.
À cette époque, Burns est une des figures les plus marquantes de la social-démocratie anglaise. En 1892, il est député aux Communes, élu à Battersea ; il sera réélu en 1895, en 1900 et en 1906. Le 27 février 1900, lors de la conférence de fondation du Labour Representation Committee à Londres, il s'oppose au principe du soutien aux seules candidatures ouvrières et obtient que les socialistes ne soient plus « prisonniers des préjugés de classe », mais qu'ils considèrent plutôt « les partis et les politiques indépendamment de toute organisation de classe ».
Désormais, l'évolution de Burns vers le libéralisme politique est inéluctable. En 1906, il entre dans le gouvernement libéral Campbell-Bannerman. Il occupe le poste de ministre des Affaires communales et, ce ministère ayant la haute main sur l'application des lois d'assistance aux pauvres, refuse d'engager la réforme fondamentale de cette législation que réclament les « fabiens » menés par Sidney et Beatrice Webbs. Nommé ministre du Commerce en 1914, il abandonne, dès le mois d'août de cette même année, toute activité politique, désorienté par la guerre qui heurte son pacifisme profond ; dès lors, il ne devait plus revenir à la vie publique.
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Écrit par
- Paul CLAUDEL : maître en histoire et géographie
Classification
Média