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THOMPSON JOHN ERIC SIDNEY (1898-1975)

Sir Eric Thompson fut l’un des principaux archéologues et épigraphistes britanniques du xxe siècle. Né John Eric Sidney Thompson le 31 décembre 1898 dans une famille aisée de la société victorienne, il fait ses études au Winchester College, puis s’engage en 1915 dans l’armée sous le pseudonyme de Neil Winslow, en mentant sur son âge. Blessé, il est rapatrié en Angleterre et termine la guerre avec le grade d’officier. Hésitant sur sa future carrière, il prend alors une année sabbatique et s’engage comme gaucho dans une propriété familiale en Argentine. Cela lui permet d’acquérir une connaissance correcte de l’espagnol. Fort de cette expérience, il se tourne vers l’anthropologie.

Dès 1925, son diplôme obtenu, il propose ses services à l’épigraphiste américain Sylvanus Morley qui dirige les fouilles de la Carnegie Institution de Washington à Chichén Itzá, au Yucatán. Sa bonne connaissance des datations hiéroglyphiques mayas lui vaut d’être tout de suite engagé et il rejoint le projet en 1926 pour travailler sur les frises du temple des Guerriers.

Satisfait des résultats, Morley lui confie l’étude du site de Cobá, où il mène à bien le déchiffrement de la stèle de Macanxoc. D’abord dubitatif, Morley finit par accepter la lecture de Thompson, qui devient ainsi un spécialiste reconnu. Cela lui vaut d’être recruté comme conservateur adjoint du Field Museum of Natural History de Chicago, fonction qu’il occupe jusqu’à l’obtention d’un poste à la Carnegie Institution, en 1935.

À la différence de Morley, Thompson est convaincu de l’importance de l’approche archéologique pour la compréhension du monde maya. Après ses premières interventions au Mexique, il va successivement fouiller plusieurs sites du Honduras britannique (aujourd’hui le Belize) : Lubaantun en 1926, puis Pusilha, San José, Tzimin Kax, Xunantunich et enfin La Milpa, en 1938.

De ses expériences, il tire plusieurs conclusions, certaines très pertinentes, d’autres plus discutables. La première, toujours valable (Ethnology of the Mayas of Southern and Central British Honduras, 1930), porte sur l’importance du lien entre l’archéologie et l’anthropologie pour l’interprétation des vestiges archéologiques. Par ailleurs, son étude du matériel issu de ses fouilles stratigraphiques lui permet d’ébaucher avec Thomas Gann une séquence chronologique qui court depuis le préclassique (à l’époque daté vers 325 av. J.-C.) jusqu’à l’effondrement maya classique au xe siècle (The History of the Maya. From the Earliest Times to the Present Day, 1931). La validité de sa proposition est démontrée et amplifiée quelques années plus tard par les fouilles du site de Uaxactùn.

Mais Thompson voit dans la société maya un peuple pacifique de paysans qui pratiquent l’agriculture sur brûlis ; les cités seraient des centres cérémoniels vides où des prêtres astronomes et astrologues observent les astres et enregistrent leurs découvertes sur les stèles et autres monuments. La découverte des fresques de Bonampak avec ses scènes de guerre et de sacrifice viendra bientôt mettre à mal cette vision idyllique. Bien qu’obligé de s’incliner devant ces découvertes, Thompson continuera à défendre certaines de ses interprétations, notamment sur la faible densité de l’occupation du territoire maya.

Sans cesser de parcourir les sites, dès la fin des années 1930, il se tourne plutôt vers l’épigraphie et l’étude des hiéroglyphes. En 1950, il publie à la Carnegie sa monumentale monographie Maya HieroglyphicWriting: Introduction, qui demeure la référence essentielle.

Sa profonde connaissance de l’écriture maya permet des avancées notables dans l’étude de l’astronomie, du calendrier et de la corrélation avec notre système grégorien. Mais les déchiffrements de Thompson reposent davantage sur des bases idéographiques que linguistiques et il[...]

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