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FOWLES JOHN (1926-2005)

Après le coup d'éclat des « Jeunes gens en colère » et les débuts, sur la scène britannique des années 1950, d'Angus Wilson, Iris Murdoch, Muriel Spark et du futur Prix Nobel William Golding, on assiste dans les années 1960 à l'entrée en scène de John Fowles. Sa carrière romanesque durera de 1963 à 1985 et comporte deux phases : les trois premiers de ses sept romans le rendirent célèbre, riche et respecté. Les quatre suivants déçurent, à des degrés divers, ses admirateurs. Il allait être, bien avant sa mort, supplanté par les écrivains de la génération suivante, celle de Kazuo Ishiguro, Ian McEwan, Julian Barnes et Martin Amis.

Né en 1926 à Leigh-on-Sea (Essex), John Fowles, qui a fait des études de français à Oxford et enseigné à Poitiers, puis dans des écoles en Grèce et à Londres, avant de se consacrer à la littérature, a écrit des essais, des poèmes, son journal. Tous ses écrits méritent lecture ; les deux tomes du Journal (2003 et 2005), en particulier, éclairent l'ensemble de l'œuvre et la forte personnalité d'un homme original et attachant, un peu solitaire depuis qu'il quitta Londres pour Lyme Regis en 1968. C'est là qu'il meurt e 2005.

Sa véritable contribution au développement de la littérature anglaise se trouve dans ses trois meilleurs romans. The Collector, que Fowles est censé avoir écrit en quatre semaines, fut accepté avec enthousiasme par son éditeur Jonathan Cape, publié en 1963 et porté à l'écran par William Wyler (1965). Une traduction française de Solange Lecomte parut en 1964, intitulée L'Amateur. L'histoire est celle d'un homme qui enlève une jeune femme pour la séquestrer et en faire un objet d'observation et d'étude. Il ne semble nourrir aucun projet sexuel ; ses capacités en ce domaine se révèlent douteuses. Sa prisonnière meurt de maladie. Quand le livre s'achève, le « collectionneur » s'apprête à capturer une nouvelle victime.

The Magus (1966 ; Le Mage, trad. franç. 1977) resta plusieurs années en chantier ; ce « livre des masques » fait écho à une expérience vécue par l'auteur pendant deux ans en tant que professeur sur l'île grecque de Spetsai ; les aventures du jeune Anglais exposé aux manipulations du « Mage » grec sont d'une complexité qui interdit toute tentative pour les résumer brièvement ; qu'il suffise de dire qu'à chaque pas, dans sa relation avec le Mage et avec deux jeunes femmes séduisantes, le protagoniste se heurte à l'impossibilité de découvrir la vérité sur les êtres et les relations qui existent entre eux.

Enfin, The French Lieutenant's Woman (1969 ; Sarah et le lieutenant français, trad. franç. 1972) remporta un succès éclatant, promptement renforcé par la version cinématographique de Karel Reisz (1981), dont le scénario fut écrit par Harold Pinter. La première caractéristique de ce roman est que le lieutenant français du titre n'y joue aucun rôle, et que sa relation avec Sarah ne compte aucunement dans l'histoire du jeune bourgeois victorien qui, fiancé à une demoiselle de son propre milieu, tombe follement amoureux – au point de penser à rompre ses fiançailles – de Sarah, femme du peuple rencontrée sur une plage.

On constate dans ce fulgurant début de carrière que Fowles eut le souci de ne jamais écrire un livre semblable au précédent. Mais il manqua de souffle pour poursuivre dans la même voie après The French Lieutenant's Woman. The Ebony Tower (1974) est une nouvelle d'une centaine de pages plutôt qu'un roman. Daniel Martin (1977) est un récit très long, trop long, où Fowles insère non sans complaisance des épisodes autobiographiques. Mantissa (1983) apparaît comme un exercice artificiel, associant érotisme et essai sur la création littéraire. Enfin The Maggot (1985) esquisse un retour vers[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

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  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

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    • 28 170 mots
    • 30 médias
    ...cherche à rendre compte par sa structure même de la fragmentation du réel, est la pièce maîtresse. Intéressé lui aussi par la philosophie, le romancier John Fowles s'est proposé dans son roman le plus célèbre, The French Lieutenant's Woman (1969), de montrer une prise de conscience existentialiste...