GARFIELD JOHN (1913-1952)
Acteur américain de cinéma et de théâtre réputé pour l'intensité de son jeu dans des rôles de rebelles et d'antihéros, John Garfield, de son vrai nom Jacob Julius Garfinkel, est né le 4 mars 1913 à New York. Il y grandit dans un quartier juif pauvre du Lower East Side. Adolescent, sa participation à de nombreuses rixes entre bandes rivales lui vaut la maison de correction, où il s'initie au théâtre et à la boxe. Grâce à une bourse remportée lors d'un concours national d'éloquence sponsorisé par le New York Times, il s'inscrit à l'American Laboratory School, où il prend des leçons d'art dramatique avec Maria Ouspenskaya. Sa nature turbulente le pousse à mener une vie de hobo au début des années 1930. Mais il retourne à New York en 1932 et rejoint la prestigieuse troupe du Civic Repertory Theatre, dirigée par Eva Le Gallienne. C'est avec cette compagnie qu'il fait ses débuts à Broadway dans un petit rôle de la pièce Lost Boy (1933).
En 1934, il intègre le Group Theatre, la légendaire et très influente troupe fondée par Harold Clurman, Lee Strasberg et Cheryl Crawford. La critique et le public le remarquent dans trois pièces de Clifford Odets dont il est la vedette, Waiting for Lefty (1935), Awake and Sing ! (1935) et Golden Boy (1937). Son succès l'amène à signer un contrat avec la Warner Bros. Il fait ses débuts au cinéma dans le mélodrame Four Daughters (Rêves de jeunesse, 1938). Son interprétation troublante d'un jeune musicien cynique lui vaut des critiques élogieuses, une légion de fans féminines et une nomination aux oscars pour le meilleur second rôle. Au cours des années 1940, Garfield apparaît dans plusieurs films à succès, dont Saturday's Children (1940), Castle on the Hudson (1940), The Sea Wolf (Le Vaisseau fantôme, 1941) et Tortilla Flat (1942). Victime d'une légère attaque cardiaque, il est exempté du service militaire durant la Seconde Guerre mondiale ; rétabli, il se produit devant les troupes et joue dans plusieurs films de guerre, dont le meilleur reste Pride of the Marines (L'Orgueil des marines, 1945).
Garfield acquiert la dimension de héros culte grâce à une série de classiques du cinéma, dont une majorité de films noirs, réalisés à la fin des années 1940. Dans ces opus, il affine son image d'homme ordinaire que la tentation et un esprit rebelle latent détournent du droit chemin. Malgré un physique assez quelconque, il émane de cet acteur viril et sûr de lui une forte sensualité qui lui permet de décrocher des rôles principaux. Il apprend le violon pour le film Humoresque (1946), où il forme avec Joan Crawford un couple éblouissant. C'est son dernier rôle pour la Warner Bros et aussi, selon l'avis de nombreux critiques, son meilleur rôle. Le film torride The Postman Always Rings Twice (Le Facteur sonne toujours deux fois, 1946) réunit John Garfield et Lana Turner dans une histoire d'adultère et de vengeance classique. L'acteur atteint le sommet de son art en tenant un second rôle face à Gregory Peck dans Gentleman's Agreement (Le Mur invisible, 1947) – un film à l'époque controversé en raison de son traitement très direct du problème de l'antisémitisme. La même année, Garfield tourne dans ce qui restera l'un des films les plus populaires de sa carrière, Body and Soul (Sang et or), que beaucoup de critiques considèrent comme le meilleur mélodrame jamais réalisé sur le thème de la boxe. En 1939, on lui préfère William Holden pour le premier rôle de l'adaptation cinématographique de la pièce Golden Boy, mais, dans ce genre, Body and Soul reste supérieur et vaut à son interprète principal une nomination aux oscars pour le meilleur acteur.
Force of Evil (L'Enfer de la corruption, 1948), film noir riche et original, est le dernier grand classique de Garfield, qui y incarne un avocat[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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