HUME JOHN (1937-2020)
Homme politique britannique, lauréat du prix Nobel de la paix avec David Trimble en 1998, John Hume a consacré toute sa vie à libérer la société nord-irlandaise de ses peurs sans jamais pactiser avec la violence.
Il voit le jour le 18 janvier 1937 dans le Bogside, ghetto catholique de Derry, où la misère, l'exclusion et la discrimination sont le lot des catholiques pris au piège de la partition. Après des études au grand séminaire de Maynooth, jeune professeur de français dans une école technique de sa ville, il prend fait et cause pour le mouvement des droits civiques dont il devient rapidement une des figures emblématiques. Lorsque la campagne non violente pour la justice sociale le cède à l'action armée des commandos de l'IRA, reconstitués en 1970, il ne cesse de répéter que l'agitation légale est seule payante. Très vite, John Hume va prendre la tête d'un courant réformiste modéré qu'il va doter d'une organisation politique, d'une stratégie électorale et d'un projet de société auquel il finira par rallier peu ou prou la majorité de ses coreligionnaires, les gouvernements de Dublin et de Londres, la Communauté européenne, le puissant lobby américano-irlandais et jusqu'à la Maison-Blanche.
En 1969, il est élu au Parlement d'Irlande du Nord. L'année suivante, il participe à la fondation du Social Democratic and Labour Party (SDLP), parti nationaliste modéré, dont il est nommé vice-président et dont il ne tarde pas à devenir l'homme fort, le pourvoyeur d'idées, et le véritable leader. En 1973, il est élu à la nouvelle Assemblée d'Irlande du Nord qui remplace l'ancien Parlement de Stormont, suspendu par Londres. Il joue un rôle important dans la négociation des accords de Sunningdale de décembre 1973 et assume les fonctions de ministre du Commerce dans l'éphémère gouvernement d'union renversé au bout de six mois par une grève générale loyaliste.
Les travaux de la convention constitutionnelle à laquelle il a été élu ayant tourné à la foire d'empoigne, il accepte un poste d'enseignant aux États-Unis où il va jouer les commis voyageurs de la paix. Il ne tarde pas à imposer ses vues au lobby américano-irlandais qui commence, à partir de 1977, à prendre une part active à la résolution de la crise nord-irlandaise, poussant les présidents Carter, Reagan et Clinton à s'engager toujours plus avant.
En juin 1977, Richard Burke, le commissaire européen à la consommation, fait appel à John Hume comme conseiller spécial. L'homme de Derry devient un habitué de Bruxelles et de Strasbourg. L'Europe qu'il découvre lui apparaît comme le plus efficace mécanisme de résolution des conflits de notre temps. Il se persuade que la réconciliation franco-allemande porte en germe la promesse de réconciliation des communautés divisées d'Irlande du Nord. En juin 1979, à l'occasion des premières élections européennes au suffrage universel, il enlève haut la main l'un des trois sièges nord-irlandais au Parlement de Strasbourg. Le 28 novembre de la même année, c'est à l'unanimité qu'il est porté à la présidence du SDLP. En 1983, il est triomphalement élu à Westminster : c'est la première fois depuis trois cents ans qu'un catholique représente Derry au Parlement britannique.
Sous son influence, le Forum pour une nouvelle Irlande, qui réunit à Dublin tous les partis nationalistes modérés du Sud et du Nord, récuse formellement la violence, pose comme principe le respect de la diversité des traditions et des aspirations irlandaises, et proclame qu'il ne saurait y avoir de solution sans le consentement librement exprimé de la majorité des Irlandais du Nord. Un traité anglo-irlandais, signé le 15 novembre 1985, confère à la république d'Irlande un rôle important dans la gestion de la crise. Dans ses dispositions[...]
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Écrit par
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
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