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HUSTON JOHN (1906-1987)

Né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri, John Huston mène, avant de devenir l'un des plus grands cinéastes hollywoodiens, une vie tumultueuse digne des héros de ses films. Boxeur amateur – il gagne vingt-trois de ses vingt-cinq combats –, acteur de théâtre, écrivain, journaliste au New York Daily Graphic, lieutenant dans la cavalerie mexicaine, John Huston travaille comme scénariste à la Warner Bros à partir de 1938. Son nom est associé à quelques-uns des films majeurs de la compagnie : Jezebel (1938) de William Wyler, Juarez (1939) de William Dieterle, Sergeant York (1941) de Howard Hawks, High Sierra (1941) de Raoul Walsh. Du Faucon maltais à The Dead, l'œuvre de John Huston va porter la marque d'un auteur passionné, exigeant, prêt à bousculer les conventions pour poursuivre la quête des thèmes qui lui sont les plus chers. De la Warner Bros à la Metro-Goldwyn-Mayer de la 20th Century-Fox de Darryl F. Zanuck à la Columbia, Huston a eu effectivement assez de force pour utiliser la puissante machine cinématographique hollywoodienne sans jamais renoncer à sa personnalité. Couvert d'oscars et de récompenses, il fut en même temps l'un des premiers à s'élever contre la « chasse aux sorcières » qui frappa Hollywood au début des années 1950.

Une œuvre prolifique

C'est en 1941 que John Huston met en scène son premier film, The Maltese Falcon (Le Faucon maltais) d'après le roman de Dashiell Hammett, avec Humphrey Bogart. Le « film noir » y gagne un chef-d'œuvre et Huston va dès lors témoigner durant quarante-six ans de son éclectisme, passant avec la même élégance du western au drame contemporain, du film de gangsters au film d'espionnage. Il adaptera tout à la fois Herman Melville et Tennessee Williams, Rudyard Kipling et Arthur Miller, Romain Gary et Carson McCullers, Malcolm Lowry et Stephen Crane, la Bible et James Joyce : The Dead (Gens de Dublin, 1987), adaptation de la nouvelle qui clôt Dubliners, aura été son dernier film. Sigmund Freud, Toulouse-Lautrec, le juge Roy Bean et Noé qu'il incarne dans La Bible (1966), seront ses héros de prédilection, et c'est à Gregory Peck qu'il confie le soin d'interpréter dans Moby Dick (1956) le rôle du capitaine Achab qu'il destinait initialement à son propre père, Walter Huston.

L'extraordinaire variété des thèmes abordés par le metteur en scène lui a aussi permis de diriger au cours de sa carrière l'élite des acteurs : Humphrey Bogart et Katharine Hepburn dans The African Queen (1952), Bette Davis, Jennifer Jones et John Garfield dans We Were Strangers (Les Insurgés, 1949), Deborah Kerr et Robert Mitchum dans Heaven Knows, Mr. Allison (Dieu seul le sait, 1957), John Wayne, Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Errol Flynn... mais aussi Clark Gable, Montgomery Clift et Marilyn Monroe dans The Misfits (1961), Richard Burton, Ava Gardner dans La Nuit de l'iguane (1964), Marlon Brando et Elizabeth Taylor dans Reflets dans un œil d'or (1967), Paul Newman, Jack Nicholson... Certains de ses films tardifs, notamment Fat City (1972) et Wise Blood (Le Malin, 1979), d'après le roman de Flannery O'Connor, possèdent une fougue et une jeunesse aussi surprenantes que ses méditations tragiques sur les rapports humains tels que Reflets dans un œil d'or ou La Nuit de l'iguane. Le cinéma d'aventures lui doit indiscutablement certaines de ses œuvres maîtresses comme Le Trésor de la sierra Madre (1948) avec Humphrey Bogart et Walter Huston, et L'Homme qui voulut être roi (1975) avec Sean Connery et Michael Caine, deux fabuleuses paraboles sur la vanité de la richesse. Enfin, The Asphalt Jungle(Quand la ville dort, 1950), d'après le roman de W. R. Burnett, demeure un film de gansgsters inoubliable, à la fois romanesque et tragique.

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Écrit par

  • : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3

Classification

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