MAYALL JOHN (1933-2024)

Le bluesman britannique John Mayall était à la fois auteur-compositeur, chanteur et multi-instrumentiste (guitare, clavier, harmonica). Dans les années 1960, il fit partie des jeunes musiciens anglais qui se prirent de passion pour le blues. Si la plupart sont aujourd’hui oubliés, deux figures de ce british blues ont marqué l’histoire. Le premier, Brian Jones, fondera les Rolling Stones, et le second, John Mayall, inventeur d’un blues sophistiqué et lyrique, révélera quelques-uns des plus grands guitaristes anglais : Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor…

Une carrière tardive

Né le 29 novembre 1933 dans la petite ville ouvrière de Macclesfield (à 30 km au sud de Manchester), John Mayall s’initie tôt à la musique. Son père Murray, guitariste amateur, rapporte régulièrement des disques d’artistes de blues à la maison. John se familiarise ainsi avec le guitariste Lonnie Johnson, les pianistes de boogie-woogie Albert Ammons et Pete Johnson ou encore l’harmoniciste Little Walter et reprend leurs morceaux sur la guitare de Murray. À quatorze ans, il rejoint une école d’art à Manchester – qui inspirera l’un de ses morceaux, « Art School Boogie », en 2000. Le soir, après les cours, il joue des thèmes de boogie-woogie sur le piano de l’école. Pourtant, à vingt ans, quand vient le moment de choisir un métier, il s’oriente vers son premier choix, le graphisme, et commence à gagner sa vie en illustrant des livres de science-fiction et des publicités.

Dans les années 1950, alors qu’il effectue son service militaire en Corée, Mayall achète une guitare électrique de marque japonaise dans un magasin de Séoul. De retour en Angleterre, il décide de fonder un premier groupe, The Powerhouse Four. Le peu d’audience de la formation l’oblige à continuer le graphisme. En 1962, il apprend qu’à Ealing, une ville de la banlieue ouest de Londres, un club vient d’ouvrir et que les musiciens Alexis Korner et Cyril Davies, à la tête d’une formation de rhythm and blues, y font danser la jeunesse anglaise avec leurs guitares électriques et leurs amplis. Mayall s’y rend et ce qu’il entend le convainc, en 1963, de lancer à trente ans son propre groupe, les Bluesbreakers.

Deux ans plus tard, il sort chez Decca (qui est aussi la maison de disques des Rolling Stones) son premier album, John Mayallplays John Mayall. En 1966, il engage un guitariste d’exception, Eric Clapton, et les deux hommes enregistrent un album qui deviendra mythique : Bluesbreakers with Eric Clapton. Si la plupart des thèmes restent des reprises – Otis Rush, Freddie King, Ray Charles… –, Mayall y introduit quelques belles compositions telles « Little Girl » et « Double Crossing Time »(avecClapton). Mais, un an après son arrivée, Clapton quitte les Bluesbreakers pour constituer le trio Cream. « Avec sa barbe et ses cheveux longs bouclés qui rappelaient Jésus, John Mayall avait des airs de vieux professeur favori, et iI avait la collection de disques la plus phénoménale que j’aie jamais vue », écrira le guitariste dans ses mémoires (Buchet-Chastel, 2007).