MAYALL JOHN (1933-2024)

Un style original

Après le départ de Clapton, John Mayall doit réinventer son groupe. Il fait appel au brillant Peter Green pour tenir la guitare. Ce dernier contribue à l’album A Hard Road (1967) puis s’en va à son tour au bout d’un an, pour créer Fleetwood Mac, débauchant au passage le bassiste des Bluesbreakers, John McVie. Dans cette Angleterre effervescente, John Mayall n’a aucun mal à débusquer de bons musiciens. Il recrute par une petite annonce un guitariste de dix-huit ans, Mick Taylor. « Les Bluesbreakers changent aussi souvent que les feux de signalisation passent au rouge sur Oxford Street », s’amuse la revue Melody Maker qui reconnaît toutefois que cette instabilité « place John Mayall au-dessus des imitateurs et contemporains et l’empêche de sombrer dans un puits de stagnation prédit par les critiques ».

Au contraire de nombreuses autres formations de blues, les Bluesbreakers ne se contentent pas de reprendre le répertoire. Mayall s’affirme comme un compositeur original, un sculpteur de chansons comme cet hommage à l’une de ses idoles, « The Death of J. B. Lenoir » (1967), ou le très beau « Medicine Man » (1968). Il trace sa propre route avec une sonorité cinglante, place ici une flûte, retire à l’occasion la batterie, d’ordinaire si incontournable. Une rumeur se répand toutefois à travers le milieu : John Mayall serait un patron tyrannique – il congédiera sans ménagement le batteur Aynsley Dunbar –, n’hésitant pas à presser ses musiciens pour rester au sommet. Il connaît à l’époque un état de grâce, comme en témoignent le romantique The Blues Alone (1967) à la guitare électrique et au piano, ou le Blues From Laurel Canyon (1968), qui commence par un moteur d’avion et semble annoncer son départ pour les États-Unis.