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KEYNES JOHN MAYNARD (1883-1946)

Nul économiste n'a sans doute davantage influencé la pensée économique contemporaine que John Maynard Keynes, fils de John Neville Keynes, lui-même économiste enseignant la logique et l'économie à Cambridge et auteur d'un livre célèbre de méthodologie économique, et de Florence Ada Brown, pionnière des réformes sociales. Né en 1883, l'année de la mort de Marx, et décédé en 1946, Keynes eut, précoce et brillant, une enfance victorienne. Élève du collège d'Eton, il monopolise les premiers prix. Il devait également triompher au King's College de Cambridge, où il poursuit des études de mathématiques et s'oriente ensuite vers l'économie, y recevant l'enseignement d'Alfred Marshall et d'Arthur Cecil Pigou. C'est contre l'enseignement de ce dernier que s'élèveront par la suite, avec force, les premières pages de La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. À Cambridge, il se lie d'amitié avec un certain nombre de ceux qui devaient former ensuite, autour de la romancière Virginia Woolf, le groupe de Bloomsbury (Leonard Woolf et Lytton Strachey). Passionné de littérature, de science (s'intéressant à la géométrie non euclidienne aussi bien qu'à l'astronomie, l'une de ses dernières publications, en 1946, fut ainsi Newton, the man), de philosophie (lisant Moore, Wittgenstein, Whitehead, Russell), d'art (entretenant une relation intime avec le peintre Duncan Grant), véritable encyclopédiste éclectique, Keynes épousera une danseuse de ballets russes, Lydia Lopokova, et ouvrira un théâtre à Cambridge en 1936. La diversité de ces centres d'intérêt et l'étendue de ces fréquentations intellectuelles expliquent en grande partie la problématique multidisciplinaire de ses travaux. Keynes disait d'ailleurs de l'économiste qu'il doit être mathématicien, historien, politicien et philosophe, qu'il doit aborder simultanément l'abstraction et la réalité, étudier le présent à la lumière du passé en vue de l'avenir sans qu'aucun aspect de la nature des institutions ne lui échappe.

Les questions monétaires

Entré au service civil après ses études, il est envoyé aux Indes pour travailler à l'Indian Office. Il en démissionne deux ans plus tard. De retour en Grande-Bretagne, Keynes collabore avec Marshall à King's College à partir de 1909. Membre de la Royal Commission on Indian Currency and Finance en 1913, il attire l'attention sur son nom en publiant la même année sa première œuvre, La Monnaie et les finances de l'Inde (Indian Currency and Finance, 1913), le meilleur ouvrage anglais sur l'étalon de change or selon Joseph Schumpeter. Il entre également à la rédaction de l'Economic Journal, où il travaillera durant trente-trois ans. Pendant la guerre, il entre à la Trésorerie, où il est chargé de veiller sur les finances britanniques d'outre-mer. Il représente le ministère des Finances à la conférence de la paix qui se tient à Paris, une fois les hostilités terminées. En désaccord avec Lloyd George, il démissionne trois jours avant la signature du traité de paix et expose ses vues dans un livre retentissant, Les Conséquences économiques de la paix (The Economic Consequences of the Peace, 1919), considéré par l'économiste américain Paul Samuelson comme un chef-d'œuvre, où il montre l'impossibilité pratique du transfert des sommes importantes exigées de l'Allemagne au titre des réparations. Ce livre ne sera pas sans influencer la politique d'apaisement des années 1930 et peut-être, après la Seconde Guerre mondiale, le plan Marshall est-il lui aussi le reflet des propositions formulées par Keynes dans cet ouvrage. Tout en écrivant dans le Manchester Guardian, journal pour lequel il couvrira notamment la conférence[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre

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Média

John Maynard Keynes (conférence de Bretton Woods,1944) - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

John Maynard Keynes (conférence de Bretton Woods,1944)

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