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REWALD JOHN (1912-1994)

L'historien de l'art John Rewald est né le 12 mai 1912 à Berlin, d'un père allemand et d'une mère russe, tous deux d'origine juive. Il est mort le 2 février 1994 d'une crise cardiaque au Lenox Hill Hospital de New York. Ces deux dates et ces deux lieux laissent déjà entendre ce que fut son itinéraire.

John Rewald fait en effet partie de ces historiens, philosophes, sociologues et historiens de l'art, écrivains et réalisateurs de cinéma dont le nazisme fit indirectement cadeau à l'histoire intellectuelle et artistique des Anglo-Saxons. Après des études à Hambourg, où il passe son enfance, il séjourne brièvement à Francfort-sur-le-Main. En 1933, quelques mois après l'accession de Hitler au pouvoir, sa famille et lui-même quittent l'Allemagne, ses parents et son frère pour Londres et lui-même pour Paris, où il poursuit ses études d'histoire de l'art à la Sorbonne. Il y soutient une thèse sur Cézanne et Zola en 1936. Au cours de ces trois années, il a pris contact avec de nombreux artistes, écrivains et critiques ou avec leurs familles, lesquels de fil en aiguille lui font connaître tout un réseau de témoins d'une époque encore très proche, celle de la création des trente dernières années du xixe siècle. C'est ainsi qu'il a accès aux archives des familles Cézanne, Le Blond-Zola, Pissarro, Redon, qu'il fréquente Bonnard, Maillol, Renoir et Signac qui l'envoie à Félix Fénéon.

Celui-ci devait lui donner sans compter conseils, introductions et archives incomparables sur Seurat et le milieu des artistes, des marchands et des collectionneurs du tournant du siècle. Parmi ces derniers, il faut citer Vollard, les Bernheim-Jeune et la veuve d'Auguste Pellerin, qui lui fit connaître l'admirable et alors encore complète collection d'œuvres de Cézanne.

Le tout jeune John Rewald sut très intelligemment tirer parti de ces chances, auprès d'un milieu libéral désireux d'aider un jeune Allemand fuyant le régime nazi. De surcroît, il avait auprès de ses interlocuteurs français l'originalité de s'intéresser avec une méthode sérieuse d'historien et d'archiviste à un mouvement de l'art français surtout traité jusque-là par la critique et la littérature.

En 1939, il est enfermé trois mois en tant qu'Allemand au camp de Lurs ; c'est une des clés bien compréhensibles d'une certaine amertume qu'il gardera contre son premier pays d'adoption. C'est, semble-t-il, grâce à une intervention d'Alfred Barr, directeur du musée d'Art moderne de New York, auprès des autorités françaises qu'il peut quitter la France et commencer, à vingt-neuf ans, sa brillante carrière américaine d'historien d'art.

C'est en anglais qu'il écrit sa somme Histoire de l'impressionnisme (1946), suivie de celle du Postimpressionnisme, dix ans plus tard, publiée également par les éditions du Museum of Modern Art. Dès 1944, cette institution lui demande d'organiser des expositions : Bonnard (1948), Les Fauves (1952), Redon-Moreau-Bresdin, Symbolists (1961).

À côté de son enseignement dans les universités de Chicago (1963-1971) et de New York, (1971-1985), John Rewald fut aussi le conseiller actif de grands collectionneurs américains, William Paley, John Hay-Whitney et Paul Mellon, faisant acquérir des œuvres françaises impressionnistes et postimpressionnistes importantes, mais aiguillant aussi leurs donations dans divers musées américains (surtout le M.O.M.A. de New York, la National Gallery de Washington et le musée de l'université Yale).

Auteur de nombreuses biographies, parfois accompagnées de catalogues (dans le cas de Seurat), sur Gauguin, Bonnard, Degas, Maillol et Pissarro, il est également le premier à publier des correspondances de Pissarro (à son fils Lucien) et de Cézanne.[...]

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Écrit par

  • : directeur des Musées de France, président des Musées nationaux

Classification

Autres références

  • CONVERSATIONS AVEC CÉZANNE, Émile Bernard - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 995 mots
    • 1 média

    Deux publications paraissent en 1978, indispensables à la connaissance de Cézanne : l'une, due à John Rewald, rassemble plus de deux cents lettres ; la seconde, Conversations avec Cézanne, se présente comme un emboîtement de textes. D'abord les introductions, notes et notices de l'éditeur,...