TOLKIEN JOHN RONALD REUEL (1892-1973)
« Un monstre, dévoré par sa popularité » ?
« Tolkien est devenu un monstre, dévoré par sa popularité et absorbé par l'absurdité de l'époque. » Cette formule, issue de l’une des rares interviews accordées par son fils Christopher (Le Monde, 5 juillet 2012), traduit le gouffre qui sépare selon lui les textes de J. R. R. Tolkien – majoritairement restés de son vivant à l’état de manuscrits – de la réception du Seigneur des anneaux en particulier : en littérature, au cinéma, dans l’univers des jeux vidéo, en musique, en politique, dans la culture populaire…
« Grand-père » de J. K. Rowling ou de George R. R. Martin, sans parler des imitateurs directs (Raymond Elias Feist, David Eddings, Robert Jordan, etc.), au côté d’auteurs plus inventifs (Fritz Leiber, Michael Moorcock, puis Ursula K Le Guin, Terry Pratchett, David Gemmell…), J. R. R. Tolkien est aussi une source d’inspiration pour la musique contemporaine (Led Zeppelin, les Beatles…), pour les jeux de rôles (Donjons & Dragons), d’où dérive une grande diversité de jeux vidéo, sans compter les adaptations officielles, au cinéma, avec les trilogies de Peter Jackson (2001-2003 et 2012-2014), ou les séries télévisées, qui entretiennent un rapport très distant aux textes, à l’instar de la série Le Seigneur des anneaux : les anneaux de pouvoir.
Autant de prolongements inattendus d’une œuvre « enracinée dans le passé », comme Tolkien l’écrivait à propos de Sire Gauvain et le chevalier vert, poème moyen anglais du xive siècle qu’il a traduit, édité et commenté, « fait de récits souvent racontés auparavant et en d’autres lieux, ainsi que d’éléments qui trouvent leur source dans des temps reculés, au-delà de la vision ou de la conscience du poète ».
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Écrit par
- Vincent FERRÉ : professeur des universités, Paris 3 Sorbonne nouvelle
Classification
Média
J. R. R. Tolkien
Haywood Magee/ Getty Images
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