SCHLESINGER JOHN (1926-2003)
John Schlesinger est né à Londres en 1926. Après des débuts comme acteur, il se tourne vers la mise en scène. À partir des préceptes mis en pratique à la fin des années 1950 par les tenants du Free Cinema (Lindsay Anderson, Karel Reisz, Tony Richardson), le réalisateur tourne en 1961 Terminus, documentaire de moyen-métrage, dans la gare londonienne de Waterloo. Sans narration, dans un noir et blanc aux tonalités subversives, il révèle une Angleterre inconnue en proie aux lois du libéralisme économique. Le film remporte la même année le lion d'or au festival de Venise. Dans le même contexte de rébellion, qui voit au théâtre l'apparition des « jeunes hommes en colère », John Schlesinger va ensuite réaliser quelques films marquants et très représentatifs de cette décennie, tel A Kind of loving (Un Amour pas comme les autres, 1962), chronique quasi antonionienne qui prend pour cadre le nord de l'Angleterre. Il y révèle Alan Bates. Billy le menteur (1963) est un portrait à la fois réaliste et onirique d'un mythomane se débattant dans l'ennui d'une petite ville anglaise. Le rôle est interprété par Tom Courtenay, qui venait de jouer dans La Solitude du coureur de fond, de Tony Richardson. À son côté, Julie Christie, que Schlesinger dirige à nouveau dans Darling (1965), implacable radiographie du Swinging London des années 1960. L'actrice remportera l'oscar de la meilleure interprète. Avec Julie Christie et Alan Bates, il adapte en 1967 un classique de la littérature anglaise, Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy.
Ce film spectaculaire sera son passeport pour Hollywood. John Schlesinger y tourne l'un de ses plus grands succès, Midnight Cowboy (Macadam Cow-Boy, 1969). Avec la rigueur d'un documentariste, il orchestre l'errance de deux laissés-pour-compte, brillamment interprétés par Dustin Hoffman et Jon Voight, dans la jungle new-yorkaise. Primé aux oscars, le film, tout en répondant aux impératifs commerciaux, parvient à transplanter une thématique venue du cinéma underground (Warhol, par exemple), notamment pour ce qui concerne la peinture de la prostitution masculine.
John Schlesinger revient en Angleterre pour tourner Sunday Bloody Sunday (Un dimanche comme les autres,1971) – une des premières tentatives de dédramatisation de l'homosexualité à l'écran. Suivront trois films très remarqués : Le Jour du fléau (1975), d'après le roman de Nathanael West, sur le Hollywood des années 1930 ; Marathon Man (1976), d'après un best-seller de William Goldmann, avec Dustin Hoffman et Laurence Olivier, superbes dans leur respective incarnation du Bien et du Mal ; enfin, Yanks (1979), tendre évocation d'un village anglais à l'heure américaine, alors que le débarquement approche.
Dans les années 1980 et 1990, John Schlesinger va signer en Grande-Bretagne des mises en scène de théâtre (Timon d'Athènes à la Royal Shakespeare Company, Jules César au National Theatre) et d'opéra (Les Contes d'Hoffmann, au festival de Salzbourg). Au cinéma, ses réalisations se font très inégales (Les Envoûtés, 1987 ; Madame Sousatzka, 1988, avec Shirley MacLaine ; The Innocent, 1993, avec Isabella Rossellini. Son dernier film, Un couple presque parfait (2000), avec Madonna et Rupert Everett, reprend sans éclat la thématique qui avait fait le succès d'Un dimanche comme les autres.
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Écrit par
- André-Charles COHEN : critique de cinéma, traducteur
Classification
Autres références
-
CHRISTIE JULIE (1941- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 627 mots
Actrice britannique, née le 14 avril 1941 à Chukua, dans la région d'Assam, en Inde.
Née dans la plantation de thé paternelle, Julie Christie est élevée en Angleterre et en France. Après des études d'art dramatique à la Central School of Speech and Drama de Londres, elle foule les planches pour...