Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MILL JOHN STUART (1806-1873)

Pour une démocratie parlementaire

Stuart Mill est pourtant trop profondément libéral pour s'accommoder d'une forme de gouvernement qui ne ferait pas sa place à la liberté politique. Mais liberté politique, c'est participation au pouvoir. La solution de cette contradiction entre la liberté désirable et la menace que comporte son accomplissement, c'est la démocratie gouvernée qui la fournit puisque, en acceptant le pouvoir du peuple, elle en canalise l'exercice par l'indépendance des gouvernants à l'égard des passions de la foule. C'est cette théorie de la démocratie gouvernée que Mill expose dans Considerations on Representative Government.

Il s'efforce d'y établir qu'« une démocratie représentative... – où tous seraient représentés, et non pas seulement la majorité – où les intérêts, les opinions, les degrés d'intelligence qui sont en minorité seraient néanmoins entendus, avec chance d'obtenir, par le poids de leur réfutation et par la puissance de leurs arguments, une influence supérieure à leur force numérique – cette démocratie où se rencontreraient l'égalité, l'impartialité, le gouvernement de tous par tous, ce qui est le seul type véritable de la démocratie, serait exempte des plus grands maux inhérents à ce qu'on appelle mal à propos aujourd'hui la démocratie » (Le Gouvernement représentatif, trad. M. Dupont-White).

L'utilitarisme anglais rejoint ainsi, par un détour, les conclusions du rationalisme français. On veut établir en maîtresse la volonté du peuple, mais on refuse de qualifier telle les passions de la foule ou les conséquences du nombre. On se refuse, avec une force égale, à voir la démocratie dans le gouvernement par une classe sociale, fût-elle la plus nombreuse. « La démocratie n'est pas l'idéal de la meilleure forme de gouvernement [...] si elle ne peut être organisée de façon à ce qu'aucune classe, pas même la plus nombreuse, ne soit capable de réduire à l'insignifiance politique tout ce qui n'est pas elle, et de diriger la marche de la législation et de l'administration d'après son intérêt exclusif de classe. Trouver les moyens d'empêcher cet abus sans sacrifier les avantages caractéristiques du gouvernement populaire, voilà le problème » (ibid.).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Lyon

Classification

Média

John Stuart Mill - crédits : London Stereoscopic Company/ Hulton Archive/ Getty Images

John Stuart Mill

Autres références

  • L'UTILITARISME, John Stuart Mill - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 036 mots
    • 1 média

    Composé entre 1854 et 1860, L'Utilitarisme (Utilitarianism) parut d'abord dans les livraisons d'octobre, novembre et décembre 1861 du Frazer's Magazine avant de faire en 1863 l'objet d'un ouvrage qui sera réédité quatre fois du vivant de son auteur, John Stuart Mill...

  • BIEN, philosophie

    • Écrit par
    • 6 623 mots
    • 1 média
    ...personnes affectées par les conséquences de telle ou telle action. De plus, pour Bentham, les plaisirs ne sont passibles que d'une appréciation quantitative. C'est sur ce point que John Stuart Mill a innové. Il admet l'existence de plaisirs supérieurs (plaisirs dus à l'intellect, à l'imagination, aux sentiments...
  • DENOTATION / CONNOTATION, notion de

    • Écrit par
    • 935 mots

    On appelle « dénotation » la capacité que possède un terme lexical de renvoyer potentiellement à une classe d'êtres du monde (personnes, choses, lieux, processus, activités...). Par exemple, un nom comme « maison » dénote toute entité présentant les attributs mentionnés dans la définition...

  • DESCRIPTION ET EXPLICATION

    • Écrit par
    • 9 388 mots
    • 1 média
    ...tombent, donc cette pierre tombe. » On est censé expliquer un fait individuel en déduisant d'une loi l'énoncé qui le décrit. C'est la doctrine de J. S.  Mill : « Un fait particulier est expliqué quand on a indiqué la loi dont sa production est un cas. Une loi de la nature est expliquée quand on indique...
  • DURKHEIM ÉMILE (1858-1917)

    • Écrit par et
    • 11 020 mots
    • 1 média
    ...montrent les comptes rendus de L'Année sociologique, n'ignorait pas la statistique croyait cependant que les méthodes proposées par Stuart Mill dans sa Logique, notamment l'analyse des variations concomitantes, représentaient le dernier mot de la méthodologie sociologique. Il est vrai que...
  • Afficher les 18 références