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UPDIKE JOHN (1932-2009)

Le Verre plein, l'ultime nouvelle du recueil posthume publié au printemps de 2009, s'achève sur le geste d'un vieil homme dans sa maison de la baie de Boston, « portant un toast au monde visible ». Effet de miroir, car la vie et l'œuvre de l'écrivain né en 1932 à Reading, élevé à Shillington en Pennsylvanie sont à l'image de ce grand verre d'eau claire : une existence bien pleine comptant plus de soixante ouvrages, couronnée de prix littéraires prestigieux, suscitant l'admiration de ses pairs, tels Marilynne Robinson exprimant son plaisir devant l'humour, l'élégance, la générosité de son esprit ou Cynthia Ozik saluant même son patriotisme. John Updike a incontestablement conquis l'Amérique et au-delà, en abordant les thèmes de l'infidélité, du poids de la famille, de l'âge qui vient avec une grâce sensible et une justesse de ton qui donne aux objets simples, aux épisodes ordinaires une place singulière. Auteur versatile, puisqu'il a écrit aussi bien des livres pour enfants, une pièce de théâtre (Buchanan Dying, 1974), des essais critiques, des mémoires, des poèmes, il est surtout reconnu pour ses romans, dont son chef-d'œuvre Le Centaure (Centaur, 1963), récompensé par le National Book Award, et plusieurs centaines de nouvelles.

John Updike - crédits : Bettmann/ Getty Images

John Updike

Après une enfance rurale, ses études de lettres à Harvard, où il devient rédacteur en chef du Lampoon, l'orientent vers Oxford et la Ruskin School of Drawing and Fine Art qui scelle son intérêt pour le détail, la finesse du portait intimiste, en filiation avec l'école de peinture hollandaise tant admirée. Bien qu'il ne passe que deux années au New Yorker, de 1955 à 1957, il y publiera de nombreux poèmes, essais et nouvelles pendant plus de cinquante ans. L'immense succès populaire vient en 1960 avec Cœur de Lièvre (Rabbit Run) qui, pour Updike, « est un roman beatnik, à la fois une réponse et une réplique au roman de Kerouac Sur la route ». Ce livre sera à l'origine de la tétralogie que forment avec lui Rabbit rattrapé (Rabbit Redux, 1971), Rabbit est riche (Rabbit is Rich, 1981, prix Pulitzer) et enfin Rabbit en paix (Rabbit at Rest, 1990, prix Pulitzer). On y suit sur une génération les embardées d'un héros timide et anxieux sur fond de faillite culturelle de l'Amérique. La saga aborde le thème du contrat social, celui du séculier et du sacré, celui encore de la persistance du souvenir, dans une inlassable interrogation sur la nature humaine. L'amour de la chair et de la volupté, récurrent au point qu'on a pu dire plaisamment qu'Updike était un écrivain du sexe, apparaît en particulier dans Couples (Couples, 1968), où les tribulations d'universitaires échangistes avant la lettre lui valent sa première couverture de Time, avec le titre « La Société adultère ». Pour autant, la tonalité générale de l'œuvre demeure poétique, qualité assez rare dans la littérature américaine. Elle lui permet de mener à bien une interrogation sur le rapport entre créateur et créature en lien avec sa foi, Updike étant membre de l'Église congressionaliste depuis 1959. La quête spirituelle cédera le pas au récit picaresque dans ses tableaux de la vie provinciale où il excelle, en topographe des oscillations de sentiments nébuleux et périssables.

Updike aime suivre ses personnages dans la durée. Des personnages qui ont à chaque fois son âge : c'est vrai pour le lièvre Harry Angström, dit Rabbit, fuyant toujours pour retrouver l'élan perdu, mais également pour Beck né avec Beck voyage (Beck : a Book, 1970), suivi de Beck est de retour (Beck is back, 1982), Beck aux abois (Beck at Bay, 1998), et encore pour Les Sorcières d'Eastwick (The Witches of Eastwick, 1984), comédie sociale complétée par Les Veuves d'Eastwick (The Widows of Eastwick, 2008), qui a[...]

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