HYATT JOHN WESLEY (1837-1920)
Industriel et inventeur américain, John Wesley Hyatt a mis au point le Celluloïd, une des premières matières plastiques artificielles. Il a fondé plusieurs sociétés à Albany (État de New York) pour exploiter ce nouveau matériau et a déposé de nombreux brevets sur des procédés de fabrication très variés.
John Wesley Hyatt est né le 28 novembre 1837 à Starkey, dans l’État de New York. Sans formation technique particulière, il travaille dès l’âge de seize ans comme imprimeur, d’abord dans l’Illinois puis, avec son frère Isaiah Smith Hyatt, à Albany. C’est par une voie détournée qu’il vient à s’intéresser à la question des matériaux.
Au milieu du xixe siècle, le billard est, aux États-Unis comme en Europe, un jeu en pleine expansion, mais qui se heurte, pour la fabrication des boules, au problème de l’approvisionnement en ivoire. Ce matériau naturel est très onéreux et pèse sur les ressources naturelles ; l’ivoire provient de défenses d’éléphant d’Inde, notamment de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). C’est dans ce contexte que Michael Phelan (1819-1871), homme d’affaires et brillant joueur de billard, offre en 1863, via sa société, Phelan & Collender, un prix substantiel de 10 000 dollars à qui parviendra à mettre au point un matériau de substitution à l’ivoire. John Hyatt s’intéresse à la question et dépose, dès 1865, un brevet pour une boule de billard composite, élaborée à partir de gomme-laque dissoute dans l’alcool et de poudre d’ivoire ou d’os.
Cette première tentative ne donne pas satisfaction aux joueurs, ceux-ci trouvant que les boules n’avaient pas la même dureté ni le même toucher que celles en ivoire. Bien que sans connaissances en chimie, Hyatt poursuit ses recherches et recourt à la nitrocellulose, ou pyroxyline, qu’un Anglais, Alexander Parkes (1813-1890), avait déjà utilisée en mettant au point la Parkesine en 1856. Les frères Hyatt déposent en 1870 un brevet pour une nouvelle préparation qui consiste à dissoudre la nitrocellulose dans un mélange contenant de l’alcool et en ajoutant du camphre. Le matériau mis au point, plus stable et malléable, sera baptisé Celluloïd (Celluloid en anglais). Cette même année, les frères Hyatt créent l’Albany Billiard Ball Company et l’Albany Dental Plate Company, cette dernière pour exploiter le Celluloïd dans la fabrication de prothèses dentaires. Les deux sociétés fusionnent en 1872 pour former la Celluloid Manufacturing Company.
Le Celluloïd sera par la suite largement utilisé en remplacement de l’écaille, de la corne ou de l’ébonite, pour la fabrication de cols de chemise, de touches de piano, de montures de lunettes…, puis comme support des films photographiques et cinématographiques. Il sera remplacé, à partir de 1907, par la Bakélite pour les usages réclamant une bonne résistance à la chaleur. Hyatt ne percevra jamais la récompense de Phelan & Collender, bien qu’officieusement reconnu comme vainqueur. Il sera toutefois honoré en recevant en 1914 la médaille Perkin, décernée par la Society of Chemical Industry, qui récompense aux États-Unis une innovation importante dans le domaine de la chimie industrielle.
Outre par l’invention d’un nouveau matériau synthétique, John Wesley Hyatt s’est illustré dans la mise au point des premières machines industrielles de moulage par injection pour fabriquer des pièces en Celluloïd. Dans les années 1880, il dépose plusieurs dizaines de brevets relatifs à la purification de l’eau et crée la Hyatt Pure Water Company spécialisée en drainage, filtration et aération de l’eau. Plus tard, pour améliorer un moulin à broyer la canne à sucre, il met au point un roulement à rouleaux doté de ressorts qui lui assurent une meilleure flexibilité. Il crée la Hyatt Roller Bearing Company en 1892 pour exploiter cette innovation qui sera par la suite adoptée par l’industrie automobile.[...]
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Écrit par
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
Classification
Média
Autres références
-
PLASTIQUES
- Écrit par Pierre LASZLO
- 4 109 mots
L'annonce du prix de Phelan & Collander mit l'Américain John Wesley Hyatt (1837-1920) en quête lui aussi d'ivoire artificiel. Comme Spill et Parkes, Hyatt incorpora du camphre au collodion. Mais il eut l'idée astucieuse, pour éviter l'ajout d'éthanol, d'additionner le camphre à chaud et sous pression....