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WYCLIFF JOHN (1330-1384)

Influence

Ces doctrines ont vite un rayonnement considérable en Angleterre, grâce à l'action personnelle de Wycliff et aux puissants appuis dont il bénéficie. Il organise lui-même la propagation de ses idées dans le peuple en envoyant de sa propre autorité ses disciples prêcher dans le royaume. Ces prédicateurs itinérants reçoivent le nom de « pauvres prêtres », avant d'être appelés «  lollards ». Il arrive ainsi à se ménager des appuis très divers : Jean de Gand, duc de Lancastre, la population londonienne et même, quelque temps, les ordres mendiants qui approuvent ses attaques contre les ordres possessionnés.

Mais ses doctrines eucharistiques lui aliènent bientôt les mendiants, tandis que se confirme l'opposition des Bénédictins et de la hiérarchie. L'évêque de Londres, Guillaume de Courtenay, remarque ses premières attaques contre la papauté dans le Traité de la croisade, et obtient contre lui, en 1377 et 1378, des condamnations romaines. Quoique plusieurs fois cité à comparaître par le pape, le roi ou l'archevêque de Cantorbéry, Wycliff n'est pas vraiment inquiété.

En 1378, la mort de Grégoire XI et le schisme viennent retarder la répression de ses doctrines. La grande période d'activité de Wycliff se situe à cette époque et jusqu'en 1382. D'abord considéré comme un réformateur hardi, il fait de plus en plus figure d'hérésiarque. Pendant un certain temps, les circonstances jouent en sa faveur : le scandale que représente le schisme pour la chrétienté lui permet, après une courte période d'admiration pour Urbain VI, d'attaquer violemment la personne de ce pontife, puis l'institution même de la papauté. Il acquiert ainsi une grande popularité dans les universités et dans le peuple de Londres, à un moment où, comme la papauté, la hiérarchie et la royauté anglaises sont en position difficile (défaites en face de Charles V, difficultés économiques et sociales). Mais l'échec de la révolte des Travailleurs, en juin 1381, compromet son autorité. Son vieil ennemi Guillaume de Courtenay, devenu archevêque de Cantorbéry, peut convoquer à Londres trois synodes pendant l'année 1382, qui condamnent formellement Wycliff et ses partisans.

La fin de sa vie se passe dans la retraite de sa cure de Fillingham (Lincolnshire). Une attaque de paralysie, en 1382, ne lui interdit pas une vive activité littéraire. Mais, ses appels à l'opinion publique étant restés sans grand écho pendant ses deux dernières années, il meurt isolé, brouillé avec les ordres mendiants, avec les princes et même avec Oxford. Il avait échoué aussi dans ses ambitions réformatrices, avait fini comme chef d'une petite secte ; toutefois, comme il n'avait jamais été excommunié, il put être enterré en terre chrétienne. C'est longtemps après sa mort que le Concile de Constance, en 1415, et le pape Martin V, en 1427, renouvelèrent la condamnation de ses écrits. L'exhumation de ses restes est alors ordonnée et, en 1428, ses ossements sont brûlés et jetés dans la Swift.

Ce châtiment posthume s'explique par le succès et l'influence profonde des idées de Wycliff hors d'Angleterre. En effet, par l'entourage d'Anne de Bohême, femme de Richard II, elles s'étaient répandues à Prague et dans toute l'Europe centrale, inspirant directement le mouvement hussite. On comprend ainsi que la mémoire de Wycliff ait été associée aux condamnations prononcées contre Jan Hus et les hussites par le Concile de Bâle et Martin V. Sur bien des points, cependant, Wycliff diffère de Hus comme il diffère des lollards : il s'est peu mêlé aux agitations sociales ; chez lui, la théologie prime la morale. Il reste avant tout un mystique dans la tradition médiévale et scolastique. Il semble que ses écrits, très nombreux et pour la plupart encore inédits, n'aient[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

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