CLEGG JOHNNY (1953-2019)
Johnny Clegg est un chanteur et guitariste sud-africain, surnommé le « Zoulou blanc », dont les collaborations musicales innovantes et multiethniques ont constitué une charge puissante contre le régime ségrégationniste de l’apartheid dans les années 1980.
C’est à Bacup, dans le nord de l’Angleterre, que Johnny Clegg naît le 7 juin 1953 d’un père pilote de chasse et d’une mère chanteuse de jazz. Quelques mois seulement après sa naissance, ses parents se séparent. Il part vivre en Rhodésie du Sud (auj. Zimbabwe) avec sa mère, qui en est originaire et qui y rencontre un journaliste sud-africain. La famille déménage de nouveau, cette fois pour Johannesburg. Le garçon grandit dans un environnement musical et politiquement libéral. Son beau-père, journaliste spécialisé dans les affaires criminelles, milite contre le régime de l’apartheid, s’intéresse de près à la culture de l’Afrique noire et collectionne des disques de musiques africaines locales. Par l’intermédiaire d’un de ses amis, Clegg se rend dans des townships (alors interdits aux Blancs), découvre la culture zouloue, notamment sa musique et sa danse des bâtons (l’ihhlangwini). Ce style de danse deviendra par la suite une caractéristique de ses concerts.
Johnny Clegg étudie l’anthropologie à l’université du Witwatersrand puis, une fois diplômé, y enseigne l’ethnologie. Au cours des années 1970, il se consacre de plus en plus à des recherches musicales, dans le but de créer une synthèse entre les traditions artistiques sud-africaines blanches et noires. Il se lie d’amitié avec Sipho Mchunu, un travailleur migrant et musicien de rue zoulou à Johannesburg, avec qui il parachève sa connaissance des cultures et des langues africaines. Clegg et Mchunu décident de s’associer. Pendant quelques années, ils se produisent en duo puis, en 1976, ils forment un groupe appelé Juluka (qui signifie « sueur » en zoulou). En 1979 paraît Universal Men, un album évoquant la vie des travailleurs migrants, qui travaillent et résident en ville, loin de leur famille restée au village. Le groupe y propose une fusion de la musique zouloue et de diverses traditions européennes. Ce métissage culturel se retrouve dans les albums suivants. Le troisième, UbuhleBemvelo (1982), est entièrement chanté en zoulou.
Au début des années 1980, Juluka connaît une forte audience locale, mais suscite également un engouement à l’étranger, notamment en France où Clegg est affectueusement surnommé le « Zoulou blanc ». Le groupe devient un symbole de la lutte contre l’apartheid, qui interdit la diffusion sur les ondes sud-africaines de musique jouée par des groupes mixtes (Blancs et Noirs). Les compositions de Juluka se diffusent donc principalement lors des concerts qui, en Afrique du Sud particulièrement, conduisent souvent à des affrontements avec la police. L’attrait du groupe réside autant dans sa musique novatrice que dans son positionnement politique contre le régime de son pays, un système de plus en plus condamné par la communauté internationale.
En 1985, Mchunu quitte Juluka et Johannesburg pour retourner dans sa région natale, l’État de KwaZulu (auj. le KwaZulu-Natal). Clegg forme un nouveau groupe baptisé Savuka (qui signifie en zoulou « nous nous sommes levés »). Il s’entoure une fois encore de musiciens sud-africains noirs et blancs, mais la musique de Savuka est plus nettement influencée par des genres populaires occidentaux tels que le rock, le jazz, le blues, le reggae et le funk. La nouvelle formation remporte un incroyable succès international avec ses albums Third World Child (1987), qui contient les titres « Scatterlings of Africa » (repris l’année suivante pour la bande originale du film Rain Man de Barry Levinson) ou « Asimbonanga » (un hommage à Nelson Mandela) et se vend par centaines de milliers d’exemplaires, ainsi que Heat, Dustand[...]
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Écrit par
- Virginia GORLINSKI : auteur
Classification
Média
Autres références
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WORLD MUSIC ET MUSIQUES DU MONDE
- Écrit par Eugène LLEDO
- 900 mots
- 2 médias
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