HALLYDAY JOHNNY (1943-2017)
Chanteur, homme de spectacle, Johnny Hallyday a mené une carrière exceptionnelle, longue de près de six décennies. Idole des baby-boomers dans les années 1960, il fut régulièrement raillé par les défenseurs du bon goût et tout aussi régulièrement redécouvert par l’intelligentsia. Porté, jusqu’à l’excès, par une voix puissante et un vibrato qui deviendront sa marque de fabrique, avec des chansons comme « Ma Gueule » ou « Allumer le feu », Johnny Hallyday a fédéré des générations de Français.
L’hommage populaire qui lui a été rendu lors de ses obsèques, le 9 décembre 2017, a pris l’allure d’événement national : plusieurs centaines de milliers de personnes ont accompagné la descente du cercueil sur les Champs-Élysées, encadré par sept cents bikers. Dans l’église de la Madeleine, les trois chefs d’État Emmanuel Macron, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont assisté à la cérémonie religieuse. Ainsi, Hallyday, bel ange blond aux yeux bleus et aux allures de voyou, fut-il un « destin français ».
L’idole des yéyés
« Je m'appelle Jean-Philippe Smet/ Je suis né à Paris/ Vous me connaissez mieux/ Sous le nom de Johnny/ Un soir de juin en 1943/ Je suis né dans la rue/ Par une nuit d'orage. » Tout – ou presque – est vrai dans les premières paroles de « Je suis né dans la rue », qu’écrira Long Chris pour son ami Johnny à la fin des années 1960. Ainsi, Jean-Philippe Smet est né à Paris le 15 juin 1943 dans le IXe arrondissement. Sa mère, Huguette Clerc, fut mannequin chez Lanvin et Jacques Fath, après avoir été vendeuse dans une crèmerie de la rue Lepic. Elle y avait rencontré Léon Smet, acteur belge, séducteur, volage et voyageur. Après leur séparation en 1944, elle s’installe dans l’appartement d’Hélène Mar, la sœur de Léon. Ancienne actrice et cantatrice, celle-ci a épousé à Bruxelles Jacob Adol Mar, qui travaille à Paris pour Radio-Paris, la radio de la propagande allemande. À la Libération, ce dernier est condamné à cinq ans de prison pour collaboration. Le destin du petit Jean-Philippe bascule une première fois.
Hélène Mar déserte Paris pour Londres, avec ses filles, Desta et Menen, engagées par l’International Ballet of London, et le petit Jean-Philippe. Le jeune garçon débute, à l’âge de trois ans, sa vie de saltimbanque au milieu des femmes et avec des repères familiaux perturbés : il sera toute sa vie obsédé par la figure du père, ses dons, sa déchéance et surtout son absence. Un père, il en trouvera un en la personne de l’Américain Lee Lemoine Ketcham, comédien, chanteur, musicien sous le nom d’artiste Lee Halliday (avec un seul « y »). Lee épouse Desta et forme avec elle et sa sœur le trio Les Halliday’s, qui tourne un peu partout en Europe. Jean-Philippe exécute de petits numéros, interprète quelques chansons et reçoit, poussé par sa tante, une éducation artistique – danse, théâtre, guitare classique. Lee sera son directeur artistique jusqu’au milieu des années 1970.
De retour à Paris en 1957, le jeune homme retrouve le IXe arrondissement, se fait des amis, dont Claude Moine, futur Eddy Mitchell, et Jacques Dutronc. Ensemble, ils traînent au square de la Trinité, au Golf Drouot, petit club des Grands Boulevards, où il y a un juke-box qui diffuse Elvis Presley, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Little Richard, Bill Haley ou Gene Vincent. On y boit du Coca-Cola. On y parle des films de Presley, on y imite James Dean, mort au volant de sa Porsche en 1955.
Hallyday interprète du rock américain sur de minuscules scènes. À la fin de 1959, il rencontre Jil et Jan, un duo d’auteurs-compositeurs. Ils perçoivent l’énergie rebelle du garçon, qu’ils présentent à Jacques Wolfsohn, directeur artistique chez Vogue. Le 14 mars 1960 sort le premier 45-tours de Johnny Hallyday, cette fois avec deux « y », ce qui fait plus américain. Il y a quatre[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Véronique MORTAIGNE : journaliste
Classification
Médias
Autres références
-
BERGER MICHEL (1947-1992)
- Écrit par Michel P. SCHMITT
- 531 mots
- 1 média
Fils du professeur de médecine Jean Hamburger et de la pianiste Annette Haas-Hamburger, Michel Berger (né à Neuilly-sur-Seine le 28 novembre 1947) avait reçu en héritage un goût pour la précision soignée et une forme de sensibilité artistique qu'il tenta toujours d'accommoder au blues et au swing issus...
-
MIOSSEC (1964- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Thierry JOURDAIN
- 1 002 mots
- 1 média
...Lettres en 2012, il connaît une nouvelle consécration en 2014 : celle de la chanson de l’année aux victoires de la musique avec « 20 ans », écrite pour Johnny Hallyday. Quelques mois plus tard sort Ici-bas, Ici même, un album réalisé par Albin de la Simone. Les guitares électriques cèdent la place à...