PACHECO JOHNNY (1935-2021)
Reconnu comme l’un des pères fondateurs de la salsa, le flûtiste américain d’origine dominicaine Johnny Pacheco, compositeur, chef d’orchestre et producteur, a joué un rôle déterminant dans la diffusion de cette musique née au cœur des rues du Bronx et de Harlem, à New York, et dansée à travers le monde.
Né sous le nom de Juan Azarías Pacheco le 25 mars 1935 dans la ville dominicaine de Santiago de los Caballeros, Johnny Pacheco s’intéresse à la musique d’abord en écoutant jouer son père Rafael Azarías, clarinettiste et chef d'orchestre. Celui-ci le pousse à souffler lui aussi dans une clarinette puis à s’essayer à différents instruments (saxophone, violon, accordéon…). Le jeune Pacheco émigre à New York avec sa famille à l’âge de onze ans quand ses parents décident de quitter leur île alors sous le joug du dictateur Rafael Trujillo. Son père le fait inscrire à la prestigieuse Juilliard School of Music. L’adolescent en ressort percussionniste habile mais c’est finalement la flûte traversière qui aura sa préférence et deviendra l’instrument avec lequel il entame sa carrière de musicien professionnel dans les années 1950. Il commence par jouer dans différents ensembles, notamment au sein de la Charanga « La Duboney » du pianiste Charlie Palmieri. En 1960, il crée son premier orchestre, le Pacheco y su Charanga qui, dès son premier album, remporte un vif succès et participe à la diffusion de la pachanga – un mélange dansant de merengue et de congas originaire de Cuba, qui détrône le cha-cha-cha –et devient l’un des styles favoris des formations latino-américaines de New York. Le genre fera également école, en Afrique de l’Ouest, chez nombre de musiciens et de passionnés du son afro-cubain, tel Boncana Maïga, directeur musical de Las Maravillas de Mali, pour qui Pacheco est une référence.
En 1964, Johnny Pacheco crée, avec l’avocat d’origine italienne Jerry Masucci, le label discographique Fania Records qui va révéler de nombreux artistes d’exception tels que le pianiste Larry Harlow, le bassiste Bobby Valentin, le tromboniste Willie Colón, le percussionniste Ray Barretto, la chanteuse « reine de la salsa » Celia Cruz ou encore les chanteurs Ismael Miranda et Héctor Lavoe. Dans l'idée de promouvoir le label, Pacheco et Masucci réunissent ces musiciens au sein d’un big band à géométrie variable – le Fania All Stars – dont Pacheco assure la direction musicale. Un premier concert informel, sous forme de jam-sessions, se déroule au club Red Carter, à Greenwich Village, en 1967. Mais l’acte réellement fondateur du groupe sera celui donné en 1971 au Cheetah, autre club new-yorkais. La captation, enregistrée et filmée, paraît sous le titre Our Latin Thing (Nuestra Cosa) l’année suivante.
Véritables fers de lance de la salsa, le label Fania Records et l’orchestre Fania All Stars ont permis sa consécration mondiale au cours des années 1970. Une époque où, au-delà de l’esprit festif qu’elle incarne encore aujourd’hui, elle constituait également un marqueur identitaire très fort pour la communauté latino-américaine de New York (Portoricains, Cubains, Dominicains...) dont sont issus nombre de ses musiciens et chanteurs. « La salsa est mon mode de vie et mon existence. C'est ce que je ressens à l'intérieur quand je me lève chaque matin », résume Pacheco au journal espagnol El País en 1988.
Après la période florissante des années 1970, l’activité du label Fania décline. Jerry Masucci se retire en Argentine ; Johnny Pacheco continue plus discrètement sa route avec son ensemble Pacheco y su Tumbao. Il collabore avec des jazzmen, mais aussi avec le trio madrilène Mecano, avec David Byrne (sur le premier album solo du New-Yorkais, Rei Momo, en 1989), ou encore avec le rappeur de Miami (d’origine dominicaine) Mangu en 1998. En 2005, il reçoit un prix[...]
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Écrit par
- Patrick LABESSE : journaliste
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