JONCALES
La famille des Joncacées
Toutes les Joncacées sont des herbes, même le si curieux Prionium sud-africain qui forme d'impénétrables fourrés dans le lit des cours d'eau. Souvent la souche est vivace, soit cespiteuse, soit rampant horizontalement ; mais la famille compte aussi des annuelles. Quelques Joncacées sont adventices, tel Juncus tenuis, espèce américaine qui, en un temps record, a envahi les allées des forêts européennes.
Les feuilles sont alternes, généralement rassemblées vers la base de la tige, linéaires, planes, canaliculées ou plus ou moins cylindriques, souvent fistuleuses et pourvues d'épaississements imitant des cloisons ; parfois encore, la feuille est réduite à sa gaine, la fonction chlorophyllienne étant totalement assumée par les tiges vertes, c'est le cas de J. effusus, J. inflexus, etc., espèces qui infestent les pâturages pauvres et humides et en réduisent considérablement la valeur fourragère.
L'inflorescence est très variable, depuis la fleur solitaire jusqu'à la panicule diffuse, en passant par les types les plus variés de corymbes, grappes d'épis, glomérules, etc., l'inflorescence élémentaire appartenant au type fondamental cymeux. La fleur offre au contraire une structure assez constante, très voisine de celle des Liliales ; elle est régulière, trimère, aux cycles périanthaires peu différenciés, demeurant herbacés, scarieux ou coriaces ; l'androcée compte typiquement deux cycles, plus rarement un seul ; le gynécée enfin se compose de trois carpelles soudés en un ovaire soit uniloculaire à placentation pariétale, soit plus ou moins complètement triloculaire, la placentation devenant alors axile. Les ovules anatropes sont soit nombreux en deux rangs sur chaque placenta, soit un seul par placenta (Luzula). Le fruit est une capsule à déhiscence loculicide, contenant des graines souvent nombreuses et petites, fréquemment pourvues d'un appendice amylacé.
La petitesse des fleurs interdit la zoogamie, sauf dans certaines luzules aux fleurs blanches relativement grandes ; le cas général est l'anémogamie. La dissémination des graines, eu égard à leur petitesse et à l'habitat palustre de beaucoup d'espèces, est le plus souvent effectuée par le vent, l'eau ou les oiseaux aquatiques.
Les Joncacées comptent huit genres ; les principaux sont Juncus (225 espèces), aux capsules à nombreuses graines, répandu dans les zones marécageuses tempérées des deux hémisphères, et Luzula (80 espèces), dont les capsules n'ont que trois graines, qui préfère des sites plus drainés, prairies ou sous-bois, et qui habite surtout l'hémisphère Nord. Les autres genres sont tous confinés dans l'hémisphère Sud ; ils comptent un très petit nombre d'espèces, mais n'en offrent pas moins un grand intérêt pour la compréhension de l'évolution de la famille : Prionium, le palmite sud-africain, est un pseudo-arbuste aux feuilles coupantes imitant quelque peu les Pandanus ; à la flore antarctique appartiennent les Marsippospermum, qui présentent des fleurs solitaires sur de longues tiges et les Distichia, dont les fleurs dioïques terminent des tiges densément couvertes de feuilles distiques, imbriquées et agglomérées en coussins compacts.
La diversification des genres dans l'hémisphère Sud fait aujourd'hui prévaloir une origine australe à l'ensemble de la famille, quoique d'autres centres d'origine aient pu parfois être proposés.
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Écrit par
- Jean RAYNAL : ancien assistant au Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Médias