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JONCALES

L'ordre des Joncales

Le développement de la fleur en appareil attractif mis à part, la similitude entre Joncacées et Liliacées est frappante quant à l'organisation florale. Aussi tous les auteurs s'accordent-ils à reconnaître l'étroite affinité entre ces deux familles ; autour d'elles gravitent cependant plusieurs autres, reliées par certains traits aux Commélinales ; de ce fait, la délimitation de l'ordre des Joncales reste un sujet de désaccord ; certains auteurs nient même son existence, rattachant les Joncacées aux Liliales, les autres familles aux Farineuses (Commélinales). Le regroupement par affinité des diverses familles de Monocotylédones soulève depuis longtemps de telles controverses, qui ne sauraient étonner en raison de l'étroitesse et de la multiplicité des liaisons possibles entre elles ; ainsi, parmi les Joncales, Joncacées mises à part, aucun auteur n'a placé les mêmes familles satellites : L. Emberger admet Flagellariacées, Rapatéacées et Thurniacées, toutes familles exclusivement tropicales, de faible importance numérique ; mais pour J. Hutchinson, les Flagellariacées et les Rapatéacées, dont la corolle est différenciée, ne sauraient entrer dans les Joncales, qui comprennent inversement Centrolépidacées et Restionacées, dont les fleurs montrent le même degré de petitesse et de réduction que les Joncacées.

Cette situation illustre bien les difficultés d'interprétation évolutive qu'offrent les structures, surtout inflorescentielles, des Monocotylédones, et la façon dont l'attribution d'une valeur préférentielle à un caractère donné peut aboutir à des conclusions phylogéniques bien différentes.

Les Thurniacées sont une très petite famille (1 genre, 2 espèces) des forêts amazoniennes, aux fleurs rassemblées en têtes compactes. Les Rapatéacées (8 genres, 25 espèces), également amazoniennes, à l'exception d'un unique genre ouest-africain, montrent elles aussi des pseudo-capitules involucrés de larges bractées foliacées ; mais elles ont une corolle différenciée, aux pétales généralement soudés en tube. Ces deux familles de Joncales offrent une ressemblance générale frappante avec certaines Cypéracées (Mapania) habitant les mêmes milieux sombres et humides.

Les Flagellariacées sont de grandes herbes parfois grimpantes grâce à des feuilles terminées en vrille, habitant les tropiques de l'Ancien Monde (3 genres, 10 espèces) ; leur fruit est une drupe.

Les attaches des Joncales avec les Liliales semblent certaines ; mais il reste à savoir dans quel sens a progressé l'évolution ; pour beaucoup d'auteurs, les Liliales ont engendré les Joncales par réduction des fleurs et adaptation à l'anémogamie, tendances qui, poursuivies, auraient ensuite donné naissance aux Cypérales, après perte de la symétrie radiaire du plan floral. Mais la thèse inverse peut être aussi soutenue, qui ferait dériver les corolles brillantes des Liliales des petites fleurs herbacées des Cypérales et des Joncales. La connaissance plus complète que l'on peut acquérir des Cypérales tropicales semble susceptible d'éclairer différemment cette question. Quant au problème de l'inclusion ou non des familles qui gravitent entre Joncales et Commélinales, il est sans doute prématuré de vouloir le trancher définitivement, la compréhension taxonomique de ces familles devant s'étayer sur des observations multiples.

— Jean RAYNAL

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Écrit par

  • : ancien assistant au Muséum national d'histoire naturelle

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Roseaux - crédits : Gerard Sioen/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Roseaux

Jonc : fleur et fruit - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jonc : fleur et fruit

Juncus striatus (feuille) - crédits : Encyclopædia Universalis France

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