- 1. Géographie
- 2. Le poids du passé
- 3. La naissance d'un État (1949-1967)
- 4. Le royaume à la recherche de sa survie (1967-1982)
- 5. De nouvelles options (1982-1988)
- 6. Les incertitudes et la longue transition
- 7. Le nouveau roi Abdallah II ou la continuité assurée
- 8. Chronologie contemporaine
- 9. Bibliographie
JORDANIE
Nom officiel | Royaume hachémite de Jordanie (JO) |
Chef de l'État et du gouvernement | Le roi Abdallah II (depuis le 7 février 1999). Premier ministre : Bisher al-Khasawneh (depuis le 12 octobre 2020) |
Capitale | Amman |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Dinar jordanien (JOD) |
Population (estim.) |
11 680 000 (2024) |
Superficie |
88 794 km²
|
Les incertitudes et la longue transition
La crise du Golfe
Ayant pratiqué, depuis 1982, une politique à hauts risques, le roi Hussein peut espérer, au début de 1989, quelque répit. La création d'un Conseil de coopération arabe, à Bagdad, le 16 février ouvre d'heureuses perspectives de coopération économique pour la Jordanie avec l'Irak, l'Égypte et le Yémen du Nord, qui en sont membres. Mais, entre le 18 avril et le 1er mai, des manifestations contre la politique économique et la vie chère, d'une violence sans précédent (8 morts), dans des régions comme Ma'an et Karak, connues pour leur attachement au souverain, rappellent celui-ci à la dure réalité. Le Premier ministre, Zeid Rifaï, devenu extrêmement impopulaire, et son gouvernement démissionnent (24 avr.). Le maréchal Zeid Ben Chaker, cousin du roi et chef de son cabinet, forme le nouveau gouvernement dont l'une des premières missions est l'organisation de prochaines élections législatives. Les Jordaniens réclament, en effet, une plus large part de responsabilité dans la participation au pouvoir. Les élections, les premières depuis vingt-deux ans, ont lieu le 8 novembre. Les islamistes enlèvent trente et un des quatre-vingts sièges, les Frères musulmans en obtenant vingt à eux seuls ; ils catalysent le vote protestataire et, possédant l'expérience et la cohérence qui font défaut aux autres formations, remportent une spectaculaire victoire. Moudar Badrane, nommé Premier ministre, forme, le 6 décembre, un cabinet, mais sans la participation des islamistes, lesquels refusent de s'y associer. Tandis que le roi déclare vouloir poursuivre le processus de démocratisation, en faisant désigner (9 avr. 1990) une commission pour l'élaboration d'une Charte nationale, destinée à assurer le bon fonctionnement du pluralisme et à définir un nouveau contrat social, la gauche éprouve quelque difficulté à s'organiser. À l'épreuve politique s'ajoute une situation économique critique, avec, pour trois millions d'habitants, une dette de 8,3 milliards de dollars, une inflation de 30 % (en 1989) et un chômage dépassant 20 % de la population active.
La violence qui se développe dans les territoires occupés, à la suite du blocage du processus de paix, et l'alignement marqué de la Jordanie sur un Irak jugé de plus en plus menaçant par Israël et par les monarchies du Golfe paralysent, en outre, une diplomatie jugée, jusque-là, comme l'une des plus actives du Proche-Orient. Jamais, depuis 1948, le royaume ne s'est trouvé dans une situation aussi délicate.
Le 28 mai 1990, à Bagdad, lors du sommet arabe au cours duquel doit être discutée, notamment, la question de la « solidarité » avec Amman, le roi Hussein lance un véritable appel de détresse, principalement aux États pétroliers du Golfe, les exhortant à agir en faveur de son pays « avant qu'il ne soit trop tard ». C'est lors de cette même réunion que le président irakien, Saddam Hussein, menace sans détour de s'en prendre militairement à Israël et fustige la mollesse des monarchies du Golfe. Quelques jours plus tard, la tension monte entre l'Irak et le Koweït. Pressentant l'imminence de la guerre, le roi Hussein – qui, depuis janvier, s'est entremis secrètement entre les deux pays – et ses ministres multiplient, sans succès, les tentatives d'arbitrage d'une capitale à l'autre. Lorsque, le 2 août, le Koweït est attaqué, la Jordanie vote contre la résolution de la Ligue arabe condamnant l'invasion, mais ne reconnaît pas le gouvernement que Bagdad y met en place.
Hussein, le doyen des dirigeants arabes, a pu imaginer, jusqu'au dernier moment, qu'il était le mieux placé pour conduire une médiation avec l'Irak. Les événements ne l'ont pas permis. Aussi, c'est avec amertume et résignation, mais persuadé qu'il[...]
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Écrit par
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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JORDANIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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AKABA ou AQABA GOLFE D'
- Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
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- 1 média
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AMMAN
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CHAMIYÉ
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