VIDELA JORGE RAFAEL (1925-2013)
Général et homme d'État argentin.
Né le 2 août 1925 à Mercedes (Argentine), Jorge Rafael Videla est le fils d'un colonel de l'armée. Il est diplômé du collège militaire national en 1944, puis nommé officier. Il gravit progressivement les échelons et devient général de brigade en 1971, puis chef d'état-major de l'armée en 1973. Deux ans plus tard, la présidente Isabel Perón le nomme commandant en chef de l'armée de terre sous la pression des généraux. Videla commence alors à réorganiser la direction de l'armée, évinçant les officiers sympathisants avec le péronisme. Dès la même année, il conduit une campagne militaire contre l'Armée révolutionnaire du peuple (Ejército revolucionario del pueblo, E.R.P.) dans la province de Tucumán, qui se solde par la mort de centaines de guérilleros marxistes. Après avoir mené le coup d'État militaire qui dépose Isabel Perón le 24 mars 1976, Videla devient président de l'Argentine. Il prend la tête d'une junte militaire constituée de deux (plus tard quatre) officiers : le général Orlando Ramón Agosti et l'amiral Eduardo Emilio Massera.
Videla se retrouve confronté à un système politique corrompu, à une économie en faillite et à une société divisée entre les mouvements de guérilla de gauche (E.R.P.) et ceux de droite (péronistes). Videla destitue alors le Congrès et confie les pouvoirs législatifs à une commission composée de neuf militaires. Il interdit en outre toute activité des tribunaux, des partis politiques et des syndicats et nomme des officiers à tous les postes clés du gouvernement. Des centaines de personnes suspectées d'appartenir à la guérilla sont arrêtées par l'armée et les organisations paramilitaires de droite durant la dernière semaine de mars 1976. Des milliers d'autres personnes « disparaîtront » au fil des années suivantes, souvent torturées et assassinées.
Videla prend des mesures en faveur du libre-échange pour renouer avec la croissance économique. Il obtient un succès modéré. De plus, sa campagne continuelle contre la gauche suscite de vives critiques de la part de la communauté internationale, en particulier lorsqu'il étend les arrestations et les exécutions sommaires aux journalistes, enseignants et autres intellectuels. Les chiffres officiels avancent le nombre de 9 000 victimes. Les associations de défense des droits de l'homme parlent de 30 000 personnes qui auraient été tuées par l'armée et les escadrons de la mort soutenus par la droite.
Videla se retire du pouvoir en 1981, cédant la place au général Roberto Viola. Avec le retour à la démocratie en Argentine en décembre 1983, plusieurs anciens dirigeants de la junte militaire sont accusés de violations des droits de l'homme. Videla, reconnu coupable de crime contre l'humanité, est ainsi condamné à la prison à perpétuité en 1985, avant d'être gracié par le président Carlos Saúl Menem en 1990. En juin 1998, un juge fédéral décide cependant que cette amnistie ne s'applique pas aux charges déposées après 1990. Accusé depuis cette date, comme d'autres anciens officiers, d'avoir enlevé des bébés nés en prison pour les faire adopter par des proches de l'armée pendant la « sale guerre », Videla retourne en prison, avant d'être assigné à résidence pour raison de santé. Videla est par ailleurs inculpé et à nouveau condamné le 10 juillet 2000 pour avoir participé, dans les années 1970 et 1980, au plan Condor visant à éliminer les opposants politiques. La grâce présidentielle accordée en 1990 est déclarée inconstitutionnelle en septembre 2006 et annulée en avril 2007. Il est à nouveau emprisonné en octobre 2008. En décembre 2010, le tribunal de Córdoba le condamne à la prison à vie pour le meurtre de trente et un prisonniers politiques détenus dans la prison de cette ville durant la [...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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ARGENTINE
- Écrit par Jacques BRASSEUL , Encyclopædia Universalis , Romain GAIGNARD , Roland LABARRE , Luis MIOTTI , Carlos QUENAN , Jérémy RUBENSTEIN , Sébastien VELUT et David COPELLO
- 38 902 mots
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...soulignant à plusieurs reprises que la subversion « couvre le domaine social, économique, culturel et psychologique en plus du domaine militaire », le général Videla n'avait-il pas lui-même laissé entendre que les arrestations arbitraires, les tortures, les disparitions et les exécutions sommaires pouvaient...